~ Il y a des choses qui ne changerons jamais. Par exemple, la nuit sera toujours succédé par le jour, la Terre sera toujours ronde, les enfants deviendrons toujours des adolescents, et Amy répondra toujours aux provocations.

Debout près de son coéquipier – et depuis peu petit-ami – Tatsuya poussa un long soupir amusé en voyant son amie d'enfance toiser le trio de première année. Les pauvres ne savaient pas ce qu'ils venaient de faire. La coach lui avait proposé de jouer un peu avec les garçons, et ces trois-là ne semblaient pas prendre la bleutée au sérieux. Même si Amy était une fille, elle jouait divinement bien au basketball et le brun avait pu le remarquer plus d'une fois.

La connaissant depuis son enfance aux Etats-Unis, Tatsuya avait apprit pas mal de chose concernant la capitaine de l'équipe féminine de Yôsen. Premièrement, elle pouvait se montrer aussi rude et vulgaire qu'un garçon. Deuxièmement, elle était très douée pour le basketball et savait même dunker, chose rare venant d'une fille. Troisièmement, elle ne supportait pas qu'on traite la femme inférieurement à l'homme. Et ces trois gugusses allaient goûter à sa colère.

Le shooting guard afficha une petite mine inquiète en voyant Amy s'approcher du trio à grands pas. De toute évidence, elle voulait laver cet affront. Tandis que l'un d'entre eux – plus raisonnable – s'excusait de son comportement, les deux autres ne semblaient pas prêt à suivre l'exemple et fixaient Amy avec affront. Quand elle leur prit le ballon, Tatsuya comprit tout de suite comment allait se dérouler la suite des événements. Et voilà. Ce petit blond impertinent avait dépassé les limites. La basketteuse le défiait en un contre un.

Poussant un soupir, Himuro attrapa le ballon qui traînait à ses pieds et alla s'asseoir sur le banc, sachant pertinemment que l'attention allait être dirigé sur les deux joueurs et qu'il aurait été inutile de continuer à s'entraîner dans ses conditions. De sa place, il avait une vue parfaite sur le match à venir. A être ainsi impulsive, Amy ressemblait vraiment à Taiga. Et même si, entre ces deux-là, c' était du je t'aime moi non plus, ils se ressemblaient bien plus qu'ils ne voulaient l'avouer. Et les côtoyant tout seul, Himuro se savait bien placer pour savoir.

Le match commença subitement, lorsque le blond fonça, pensant bêtement qu'il atteindrait le panier adversaire sans faire trop d'effort. Mais le personne se leurrait. Réagissant de concert, Amy lui vola la balle aussi facilement que l'on aurait volé sa sucette à un nourrisson. Elle partit tout de suite en dribble, laissant en plan son adversaire trop étonné pour réagir, et se dirigea vers le panier. Himuro comprit tout de suite qu'elle allait dunker : elle allait beaucoup trop loin pour tirer. Amy souhaitait humilier son adversaire, et quoi de mieux qu'un dunk pour cela ?

Cependant, et contrairement à l'euphorie générale, Tatsuya fronça les sourcils. Quand bien même Amy dunkait à la perfection et aimait le faire, sa jambe, elle, n'appréciait pas les écarts de conduite. Peu de gens connaissaient la vérité derrière ce handicap, le brun devait être l'un des seuls à la connaître. L'histoire de l'accident, il la connaissait. Et la raison de cet accident également. Amy en était pas bien fière, mais il faut apprendre de ses erreurs. La vie lui avait montré plutôt cruellement qu'il était dangereux de consommer.

En la voyant retomber après son dunk, le shooting guard se releva précipitamment du banc sur lequel il était assit. La douleur qui traversa le corps de la joueuse remonta jusqu'à son visage, où se dessina un rictus qui en disait plus que mille mots. Amy chancela, vacilla, tangua et finit par s'effondrer, sous les regards et les murmures inquiets de l'assistance. Traversant la foule sans difficulté, Himuro arriva rapidement près de son amie. Elle s'était évanouie.

Quelques curieux s'approchèrent, souhaitant par eux-même constater l'état de santé de leur manager. Mais le regard noir que leur adressa l'ébène leur coupa tout envi de s'approcher, et la foule se dissipa sous les ordres secs et sans appels de la coach. Himuro la remercia d'un hochement de tête, et la jeune femme se contenta d'opiner du chef comme toute réponse. Alors que le shooting guard attrapait délicatement Amy, la portant comme une princesse (avoue, c'est ton rêve 8D), le blond qui l'avait défié s'approcha, penaud, la tête basse et le regard fuyant.

« Himuro-sempai je …. Je suis désolé.
- Ce n'est pas à moi que tu dois des excuses. Quand elle ira mieux, tu sais ce qu'il te restera à faire. »

Le première année hocha mollement la tête, remercia son aîné en s'inclinant légèrement devant lui, puis fila sans demander son reste rejoindre ses amis qui lui octroyèrent une accolade amicale. Un léger sourire flotta sur les lèvres du brun avant qu'il ne rejoigne le banc le plus proche. Il savait d'avance que ça ne servirait à rien de l'emmener à l'infirmerie, car il n'y avait là-bas pas les médicaments nécessaire pour les soins à lui prodiguer. Le deuxième année l'allongea donc sur le banc, et la recouvrit de sa veste. S'installant près d'elle, il attendit qu'elle ne se réveille.

Perdu dans ses pensées, l'ébène ne la vit pas se redresser, mais sa voix parvint jusqu'à ses oreilles. Relevant son regard gris roche vers elle, il la contempla, attendant tranquillement qu'elle ne prenne la parole. Elle semblait honteuse et confuse, consciente qu'elle avait fait une bêtise. Amy connaissait bien que quiconque son handicap, elle savait qu'elle devait se ménager mais en bonne tête de pioche qu'elle était, elle écoutait ses pulsions plutôt que sa raison. Un jour, ça allait mal finir pour elle, et même les cachets ne pourront plus l'aider.

« Tu es fâché ? »

Himuro resta silencieux. Il savait qu'elle avait déjà la réponse, mais qu'elle se posait la question à elle-même. Le brun savait que les paroles étaient inutiles, parce qu'Amy finirait par constater ses erreurs par elle-même. Pour lui, ça valait mieux qu'un long discours barbant. On apprend toujours mieux de ses erreurs, n'est-ce pas ? Elle devait comprendre que son ego pouvait devenir dangereux et, qu'un jour, il lui coûtera sa jambe. Himuro savait pertinemment qu'elle serait détruite si elle devait passer le reste de sa vie dans un fauteuil roulant.

Cependant, quand elle se mit à pleurer et qu'elle enfonça son visage dans son cou dans le but de masquer ses larmes, Tatsuya décréta qu'il n'était plus temps de préserver son mutisme. Il la laissa néanmoins pleurer quelques instants, connaissant l'effet bénéfique qu'avait les larmes sur le stresse et la colère. Après une petite minute, il lui saisit les épaules pour la repousser doucement. Il récolta alors une perle salée sur le bout de son index, et la tint sous le regard céruléen de la jeune demoiselle.

« Tu sais très bien que je ne le suis pas. Mais si tes larmes ne regagnent pas vite tes yeux, il se peut bien que je change d'avis. »

Il avait prit un ton doux, calme, un peu guimauve même, mais il tenait bien à montrer à son ami d'enfance qu'elle n'avait aucun souci à se faire tant qu'elle ravalait ses larmes. Le brun fit disparaître celle qu'il avait sur le bout du doigt et se leva, s'étirant de tout son long, chauffant ses muscles ankylosés par ces instants d'inaction. Il s'approcha ensuite du banc, releva doucement les jambes de son amie, s'installa sur le bois ciré, déposa la jambe handicapée sur ses genoux et laissa l'autre se plier en pyramide près de lui.

Alors, ses mains tant habituées à tenir fermement un ballon devinrent aussi douces que les mimines d'une mère. Palpant doucement la peau blanche d'Amy, le brun s'appliqua à lui prodiguer un massage afin de soulager sa jambe blessée. Ce n'était pas la première fois qu'il s'adonnait à cette pratique, car en tête en l'air qu'elle était parfois Amy oubliait souvent ses médicaments. Et donc, quand elle se faisait mal comme maintenant, le brun avait prit l'habitude de la masser. Ce n'était certes pas aussi efficace que les médicaments, mais ce n'était pas inutile pour autant. Et puis, en personne perspicace qu'il était, Tatsuya connaissait la nature des sentiments de son amie envers lui. Et sans qu'il ne veuille s'en venter outre mesure, il devinait que sa simple présence était rassurante pour la jeune fille.

~ Les sourcils froncés, l'air concentré, les yeux gris roches d'Himuro étaient braqués sur la jambe d'Amy, alors que ses mains appuyaient, palpaient, pinçaient même parfois la jambe douloureuse de la jeune fille. Elle semblait d'ailleurs être la seule à apprécier ses massages. Quand il en faisait à sa mère, parfois, elle se plaignait de sa rudesse en lui disant qu'il avait des pinces à la place des mains. Il est vrai qu'il existait plus doux que lui, mais il était tellement habitué à tenir fermement une balle que toute douceur avait quitté ses mains. Bien sûr, il lui arrivait d'être très doux, mais cela n'arrivait pas souvent. Amy était la seule à ne pas s'en plaindre.

« Je ne suis qu'une idiote... J'aurais dû mourir ce jour-là ça m'aurait évité bien des soucis ! »

Une veine palpita dans le coin supérieur droit du crâne du brun. Il détestait ce genre de remarque, son amie le savait pourtant, et sûrement mieux que quiconque. Pour lui, la vie n'est pas une chose avec laquelle on doit s'amuser : tant de personnes sont mortes alors qu'elles auraient souhaitées vivre … Amy n'avait pas à se plaindre de sa situation. Elle, elle pouvait encore marcher. Certains étaient cloués dans des fauteuils roulant et savaient qu'ils ne pourraient plus jamais remarcher. D'autres, même, ne pouvaient plutôt plus que leur tête. Eux, ils avaient le droit de se plaindre. Pas Amy.

Néanmoins, le shooting guard connaissait très bien son amie et savait qu'elle avait dit cela sur un coup de tête, par impulsivité. Il n'avait pas besoin de lui faire la morale sur ce sujet, elle la connaissait déjà. Himuro n'était certes pas le Prix Nobel de la paix, mais il avait des principes et une humanité qui lui faisait haïr les injustices. Amy le savait. Lui remonter les bretelles ne serviraient à rien, c'est pourquoi le brun resta silencieux, faisait fit de sa remarque. Il l'entendit jurer en anglais : c'était la preuve qu'elle regrettait déjà les mots ayant trop rapidement franchi la barrière de ses lèvres.

Soudain, Himuro senti la jambe handicapée de son amie glisser de ses mains, alors que la jeune fille s'écartait de lui. La fixant de son regard roche, le brun tenta de deviner le fond de ses pensées. Elle devait avoir honte d'elle. Elle collectionnait les bévues, et en face de lui qui plus est. Amy devait se sentir minable et coupable à la fois, comme si elle avait fait quelque chose de vraiment très grave. Bien qu'il la connaisse depuis longtemps maintenant, le brun était toujours troublé par les changements de comportement d'Amy. Elle faisait sa dure devant les autres mais, une fois seule avec lui, elle devenait aussi fragile que du cristal.

« Laisse... Je ne suis qu'un fardeau pour toi. Je ne sers à rien. »

Tatsuya poussa un petit soupir en se massant l'arête du nez. Là, elle enchaînait les répliques qu'il détestait le plus. Décidément, il n'était pas bien loti. Avec Amy et Taiga, il se demandait encore comment il gardait un tel self-control. A sa place, nombre de personne auraient remontés les bretelles à ses amis, et sans y aller avec le dos de la cuillère. Heureusement pour les deux dunkers, Himuro était doté d'un sang-froid à toute épreuve et parvenait à garder son calme malgré la colère qui bouillonnait en lui.

Se penchant sur son amie, il lui saisit délicatement mais fermement la cheville de sa jambe blessée et la tira vers lui, faisant ainsi glisser Amy jusqu'à lui. S'approchant de son visage, il lui fit une petite pichenette et replaça sa jambe sur ses genoux. Il y fit glisser sa main, cherchant les muscles douloureux pour y appliquer les massages.

« Bakamy. »

Il lui lança une œillade moqueuse à l'évocation du surnom qui s'inspirait du Bakagami affublé à Taiga. Himuro appuya sur une boule de nerf sous le genoux de son amie, ayant détecté une zone apparemment douloureuse. Ca allait faire mal à la bleutée, mais puisqu'il fallait vaincre le mal par le mal, elle allait se sentir mieux juste après. Pour se faire pardonner, le brun embrassa doucement la cheville de son amie, sachant pertinemment qu'elle en serait toute gênée. Il imaginait déjà son visage rougi par l'embarra. Il ne la draguait pas, mais appréciait lui donner de petites marques d'affection comme celles-là.

« Franchement, avec Taiga et toi, que vais-je devenir ? »

Il avait prit un ton franchement blasé mais son sourire prouvait bien qu'il ne l'était absolument pas. Le shooting guard savait bien qu'Amy n'aimait pas franchement être comparé au troisième membre du trio, mais ils se ressemblaient trop pour que le brun puisse les dissocier. En fait, Amy était comme la version féminine de Taiga. Ils étaient tout les deux impulsifs, bourrus dans leurs paroles mais maladroit sentimentalement. Pour peu, on pourrait presque les prendre pour des jumeaux, ou au moins des frères et sœurs ….

~ Un sourire amusé étirant sa lèvre droite, Himuro contempla avec hilarité les joues soudainement rougies de son amie d'enfance. Elle n'était comme ça qu'avec lui, et c'est bien pourquoi il avait rapidement comprit qu'il était « spécial » aux yeux de la bleutée. Elle ne regardait pas Taiga de la même façon, ce serait même une honte pour elle de rougir sous les yeux du rouge. Il y avait en réalité deux Amy : celle de Taiga & celle de Tatsuya. Ce dernier appréciait les deux côtés de la jeune demoiselle, mais se sentait un peu triste pour elle de ne pas répondre à ses sentiments. A ses yeux Amy demeurerait à jamais sa petite sœur.

Il ignorait précisément quand il avait comprit la nature des sentiments d'Amy à son égard. Il se rappelait vaguement d'une discussion sur le sujet avec Taiga, qui avait été le premier à soulever le point des deux Amy. Cette frêle information en tête, tout était devenu clair pour le shooting guard : loin de lui l'idée de s'en venter, mais il était plutôt apprécié au sein de la gente féminine et le nombre de déclarations qu'il avait reçut ne pouvaient plus se compter sur les doigts de la main. Tatsuya savait donc désormais reconnaître une fille amoureuse d'une autre. Ça l'avait un peu étonné de savoir que son amie nourrissait ce genre de sentiments, mais il avait fait en sorte que cela n'affecte pas l'affection qu'il éprouvait pour elle : il y était parvenu avec brio.

« Tatsuya-nii is stupid. »

Un petit rire passa la barrière des lèvres du concerné. Amy exprimait souvent en anglais ce qu'elle n'était pas capable de dire en japonais. Il savait néanmoins qu'elle n'en pensait pas un mot et que ce n'était que sa façon à elle de ne pas perdre la face. Elle n'aimait pas être comparée à Taiga, et Himuro s'en amusait. Avec ces deux-là, c'était la même chose. C'était plutôt amusant, même si c'était parfois dur à porter pour le brun. Il se sentait parfois comme une planète autour de laquelle gravitait deux autres, qui s'attiraient et se repoussaient à la fois, avec pour mission d'empêcher une possible collision entre elles deux.

« Merci d'être aussi patient avec nous … Enfin même si pour Taiga tu n'as pas à l'être, il ne le mérite pas. »

La fin de la phrase arracha un nouveau rire à Himuro. C'était du Amy tout craché, ça. Sentimentale, mais pas trop. Surtout concernant Kagami. Néanmoins, Tatsuya ne releva pas : tout deux méritaient qu'il soit prévenant. Même s'il avait perdu Taiga de vu, rien ne l'empêcherait de venir lui tirer l'épine du pied si cela s'avérait nécessaire. Il regrettait tout ce qu'il lui avait dit lors de leur dernière rencontre aux États-Unis, et il comptait bien se rattraper. Le brun caressa son anneau du bout de ses doigts. Quoi qu'il arrive, Taiga resta son petit-frère … même s'il devenait plus fort et plus grand que lui.

« Tu te rappelles de notre première rencontre ? Tu étais en train de jouer avec Taiga quand je suis passée devant le terrain … Je me suis arrêtée pour vous regarder, Taiga m'a demandé ce que j'avais à vous regarder avec son éternel ton agressif, tu l'as calmé et tu m'as souris avant de me proposer de jouer … »

Himuro s'en souvenait comme si c'était hier. Comment pourrait-il l'oublier d'ailleurs ? C'était un après-midi ensoleillé, il faisait chaud, très chaud même, mais ni le vent ni la neige n'aurait put les empêcher, Taiga et lui, de se retrouver au petit terrain de basketball près de chez eux. Il n'avait jamais été aussi fréquenté depuis que les deux originaires du Japon y avait mit les pieds. Si certains jeunes de leur âge passaient leurs journées sur les bornes d'arcades du coin, les deux amis préféraient leurs quotidiens tête à tête avec la balle orange. Même s'ils aimaient jouer en équipe, ils avaient toujours appréciés des petits moments à eux seuls, se testant mutuellement.

Cette matinée aurait put être comme n'importe quelle autre si cette petite fille ne c'était pas tenue derrière le grillage pour les observer jouer. Habitué au public, cela n'avait pas dérangé Himuro, contrairement à Kagami qui avait tout de suite désiré connaître la raison de sa présence en ces lieux. Ce qui choqua le plus Tatsuya ce jour-là, ce fut le manque de vie dans le regard azuré de la jeune fille. Puisqu'elle considérait la balle avec curiosité, c'était le plus naturellement du monde que le brun lui avait proposé un petit match. Cela n'avait pas franchement plut à Taiga, mais à l'époque déjà Tatsuya faisait fît des remarques de son petit frère de cœur. Néanmoins, le sexisme passager du rouge avait éveillé la basketteuse en Amy. Après un rapide cours sur les tirs, Tatsuya s'était retiré pour jouer les arbitres, afin que les deux autres règlent leurs différents autour du ballon. Évidemment, Taiga avait gagné, mais ce n'était que le début de la vie de basketteuse de la bleue.

Repensez à tout cela rendait le brun très nostalgique : parfois, les États-Unis lui manquaient. Quand il avait regagné son pays de naissance, ça avait été difficile d'oublier tout ce qu'il s'était efforcé à apprendre pendant des années. L'écart entre les cultures était impressionnant, et le brun avait eu besoin de temps pour se réadapté. Le basketball l'y avait aidé, parce que c'est en intégrant l'équipe de Yôsen qu'il avait relier avec le Japon et ses coutumes. Désormais, il se sentait parfaitement à l'aise dans le pays qui l'avait vu naître, et même s'il rêvait de retourner aux States un jour, il savait qu'il finirait toujours par rentrer à la maison.

« Merci Tatsu-nii d'avoir veillé sur moi depuis ce jour-là. Un jour je te rendrais la pareille. »

Tatsuya observa Amy à la dérobée. La bleue avait quitté son pays, sa famille et ses racines pour le suivre au Japon. Bien qu'il ne l'ait jamais forcé à faire cela, parfois, il se sentait coupable, surtout en ne sachant répondre comme elle le désirerait à ses sentiments. Si Amy lui annonçait du jour au lendemain qu'elle voulait rentrer, Tatsuya ne l'obligerait jamais à rester, même si ça lui causerait beaucoup de chagrin. Il était habitué à l'avoir près de lui depuis des années, la séparation serait difficile mais il comprendrait parfaitement le choix de son amie. Un petit soupir passa la barrière de ses lèvres. Même s'il était du genre très perspicace, il était incapable de savoir ce que pensait Amy de tout cela. Il ne voulait pas aborder le sujet puisqu'il craignait qu'elle prenne cela comme une invitation au départ, ce qui était loin d'être le cas.

Passant une main dans la chevelure corbeau, Himuro tenta de chasser ses sombres pensées. Il se torturait l'esprit pour rien. Amy savait mieux que quiconque ce qu'elle désirait : s'il arrivait un jour où elle voudrait mettre les voiles, elle l'en informerait, c'était certain. Alors autant ne pas se faire de mouron. Le shooting guard devait lui faire confiance, comme toujours depuis leur première rencontre. Attrapant une bouteille d'eau, le brun en but quelques gorgées, hydratant ainsi son corps et son esprit. Son mutisme commençait à lui peser et il savait qu'il devait dire quelque chose avant de les mettre tout deux mal à l'aise. Mais sur le coup, rien ne rationnel ne lui vint à l'esprit, seul le silence subsistait. C'était embarrassant.

Parler de basketball, même si c'était un sujet dont ils étaient friands, serait plutôt mal venu. Amy venait d'évoquer avec nostalgie une période de leur passé, rebondir ainsi sur leur sport favori pourrait être interprété comme une envie de fuir ces souvenirs. Hors, c'était loin d'être le cas. Et puis, après un entraînement, Himuro n'était jamais tenté de parler sport. Quand bien même il aimait le basketball, il aimait rafraîchir son esprit avec autre chose que cela. Étirant ses jambes, le brun contempla ses baskets, comme si elles étaient capables de lui trouver un sujet de discussion. Il se sentait un peu bête sur le moment, et cela l'agaçait.

« Sinon … Tu as des nouvelles de ta famille dernièrement ? »

Wouah, là, c'était la magnifique preuve qu'il ne savait pas quoi raconter : Amy le tenait quotidiennement au courant de la situation de sa famille restée aux States, pas plus tard que ce matin elle lui avait apprit que tout allait bien, que ses mères étaient heureuses et les jumeaux en pleine forme. Franchement, son manque de conversation faisait presque pitié à voir. Il devait se rattraper … mais comment ? C'était très difficilement rattrapable une bourde pareille. Une légère rougeur s'installa sur ses joues alors qu'il se passait distraitement une main dans les cheveux, remettant sa mèche en place dans un même temps. Bon bon bon … Il se sentait vachement ridicule, là.

« Enfin, je voulais dire … Euh … Rhâ, je suis un idiot ! »

Il se frappa le visage de la paume de sa main, désespéré par sa propre bêtise. Ca n'arrivait pas souvent qu'il perde ainsi ses moyens, et le seul qui parvenait à le déstabiliser, c'était Atsushi. C'était bien la première fois qu'il perdait ainsi la face devant Amy. Elle devait sûrement rire de lui, pas de méchanceté mais d'hilarité face à son comportement pour le moins inhabituel. S'il existait bien quelqu'un dont le sang-froid était à toute épreuve, c'était Himuro. Et là, il avait bêtement prouver le contraire pour un simple thème de discussion. Bonjour la classe !

Himuro fut tiré de son désespoir naissant en sentant son portable vibré dans sa poche. Pendant qu'Amy se reposait sur le banc, le brun en avait profité pour prendre vite-fait une douche et se changer : il portait donc à présent son uniforme scolaire, et c'est dans sa poche avant droite que résidait son téléphone portable. Il le mettait toujours sur vibreur lorsqu'il était au lycée et les vibrations étaient tellement intenses qu'il ne ratait jamais un message. Tirant l'appareil de sa poche, il en lut rapidement le contenu, intrigué qu'on lui écrive à une heure pareille. Néanmoins, son interlocuteur ne resta pas inconnu plus longtemps : c'était évidemment Atsushi.

Le géant violet, respectant l'intimité entre Amy & Tatsuya, s'était éclipsé une fois changée. Normalement, ils rentraient ensembles le soir mais cette fois, il avait du prendre le chemin du retour sans le brun. Ce dernier n'était donc pas étonné de recevoir un message de sa part : il devait être chez lui – sûrement pas devant ses devoirs – installé dans son lit et dans son canapé, des sucreries plein la bouche. Un petit sourire aux lèvres, le brun se tourna vers son amie d'enfance et s'adressa à elle.

« Atsushi me demande comment tu vas. On ne sait jamais, s'il peut faire main-basse sur tes sucreries ... »

Il fit un clin d’œil à Amy. Cette dernière était en fait le mélange entre Taiga et Atsushi : elle avait du rouge l'impulsivité, et du violet la gourmandise. Tatsuya était décidément bien entouré !