Le rouquin planta ses mains dans ses poches, laissant son regard ocre et carmin épier sans discrétion la foule qui les esquivait, essayant de ne pas leur foncer dedans. Visiblement, ils gênaient le passage, ou alors Seijuro ne s'y connaissait vraiment pas.

– Je suis au courant. Oui, espérons.

Ah, donc il le savait. Bon, après, ce n'était une révélation pour personne, mais soit. C'était toujours assez perturbant de se faire dire « Oui, oui, je suis au courant, pas besoin de me parler de ta vie ». Bien, soit, il ne l'avait pas vraiment dit comme ça, mais c'était de cette manière que l'auburn l'interprétait. Même si, avouons-le, il interprétait toujours les choses de manière un peu... Bizarre ? Bref.

– Question comme ça, tu as revu les autres depuis?

Akashi pencha la tête sur le côté. Le petit Tetsuya était curieux, c'est bien ça ? Un sourire un peu énigmatique flottant sur ses lèvres, il lâcha :

– Oh ! Pas vraiment.

Pas que cela l'embêtait réellement de répondre, mais il aimait bien faire tourner en bourrique les autres.
Il se retourna un instant en constatant qu'une femme avait manqué de trébucher à cause de lui, lui lança un regard noir parce qu'elle l'avait bousculé, avant de reporter son attention sur Kuroko.

– On ferait mieux de ne pas s'arrêter en plein milieu, il y a trop de monde, soupira-t-il, un peu contrarié.

Fufufu. Akashi faillit lâcher un nouveau rire. Dieu, ce qu'il adorait faire tourner les gens en bourrique ! Il trouvait néanmoins réellement dommage que le bleu n'ait pas du tout réagi à sa réponse. Mais bon, Kuroko restait Kuroko ; il ne fallait pas trop lui en demander après tout. C'était probablement pour ça que Seijuro ne parvenait pas à réellement l'apprécier : il ne réagissait jamais – ou plutôt, il ne le montrait pas – et sa personnalité était... Affreusement plate. D'un côté, c'était amusant, mais de l'autre, il lui retirait tout son plaisir en ne répliquant rien du tout. Bah, tant pis, hein, il allait pas chipoter non plus !
Kuroko sembla remarquer son exaspération à se faire bousculer dans tous les sens, puisqu'il enchaîna :

– J'ai vu une boutique de vêtement intéressant avant de te voir, tu m'accompagne?

Akashi hocha la tête. N'importe où, tant qu'on arrêtait de lui foncer dedans, ou il sortait ses ciseaux et faisait un meurtre bien sanglant. Très sanglant, même. Et les gens auraient tellement peur de lui qu'ils n'oseraient même plus s'approcher à moins d'une distance de sécurité d'environ... Six ou sept mètres. Et là, il serait enfin tranquille... Héhé.
Bref.

– Ouaip, allons-y.

Il commença à marcher, avant de s'arrêter et de lui demander :

– C'est laquelle ? Histoire que je me gourre pas de direction.

Il se trouvait étrangement sympathique aujourd'hui... Bah, allez, c'était samedi après midi !

– Suis-moi.

Fuuu. C'était lui, ou bien Kuroko lui avait donné un ordre ? Il haussa un sourcil, un léger sourire moqueur étirant soudain ses lèvres. D'accord, Akashi l'avait cherché – il s'en sentait par ailleurs encore un peu honteux –, mais tout de même !
Il haussa les épaules, nonchalant. Allez, il était dans une des ses bonnes journées, et il n'allait pas non plus s'amuser à torturer le pauvre fantôme en public non plus ! Quoi que, ce serait peut-être une idée à creuser... Enfin non, il y avait trop de témoins, et après, c'est chiant pour nettoyer la scène de crime si y a une p'tite vingtaine de cadavres en plus. Rahlala. Quel cruel dilemme.
L'auburn suivit Kuroko jusqu'à l'intérieur du fameux magasin de vêtements, avant que celui-ci ne lui dise :

– Je vais jeter le verre je reviens.

Lui se contenta de faire un petit geste de la main.

– Fais donc, fais donc.

Le temps que celui-ci ne revienne et ne choisisse des vêtements à essayer, Akashi laissa ses yeux glisser sur ces derniers.
« Trop moche. Trop grand... Trop jaune ! Nan mais, y a vraiment des gens qui mettent ce genre de truc, sérieusement ? C'est... Ahhh, mais sérieusement, c'est trop laid ce truc ! »
Pour un peu, il aurait abrégé les souffrances de ces pauvres tissus cousus n'importe comment (et des débiles qui les portaient, aussi) en les transformant en confettis. Mais ses ciseaux étaient – malheureusement – restés bien sagement sur son bureau, aussi ne put-il pas accomplir son oeuvre de sauvetage de l'humanité. À reporter pour plus tard, tiens.
Il se retourna, chercha des yeux le bleu, mais ne le trouva nulle part. « C'est bien ma veine... » Bon bah... Il n'avait plus qu'à l'attendre près de l'entrée, hein. Et si il l'oubliais là, par contre, il le lui ferait regretter très, trèèès chèrement.
D'un geste connaisseur, il sortit son portable et commença une partie de tetris.


[HRp : Pardonnnn pour le retard T.T]

HRP : Ahahaha je suis vraiment désolée pour ce retard, encore une fois... (Même si en temps qu'Akashi j'ai pas à m'excuser et-... *coup de poêle dans la tête*)


Rahhh, mais c'était quoi ce jeu ? Il y arrivait, pourtant, la dernière fois ! Les touches de son portable ne fonctionnaient pas, ou quoi ? C'était pas possible que les pièces se tournent comme ça dans tous les sens et, en plus, qu'il ne parvienne pas à les faire tomber exactement où il le souhaitait ! Ce devait être le portable, oui, voilà ; le portable. Il n'y avait pas d'autre explication pour avoir perdu cette partie, vraiment pas d'autre – à part peut-être le fait qu'il soit subitement devenu nullissime à ce jeu, mais Akashi ne pouvait définitivement pas être nullissime en quoi que ce soit, et ce n'était donc pas possible... Ce n'était pas qu'il ne comprenait pas – ce n'était pas bien sorcier, d'empiler des briques. Mais il avait tendance à rapidement s'énerver à pianoter plusieurs fois sur les touches de son portable, vieux, hélas, et qui refusait catégoriquement de réagir au moment où il fallait réagir. À bien y réfléchir, cela faisait à peu près la même chose quand il jouait au ping pong...
Bref, son portable déconnait, et c'était pas franchement la joie. (Peut-être qu'il devrait arrêter de frapper sur les touches aussi violemment lorsqu'il veut écrire un message...)

– J'ai fini, fit Kuroko à côté de lui, mais il ne l'entendit pas, trop absorbé par la nouvelle partie qu'il avait commencée – et qu'il perdit aussi.

Il finira bien par comprendre, un jour, que « Akashi Seijuro » et « portable qui fonctionne », ça ne peut pas être dans la même phrase...

– Akashi-kun ?

Il leva les yeux, quelque peu irrité, de sa partie après avoir constaté qu'il avait perdu une fois de plus – à cause de son portable, vous dis-je ! –, et croisa les orbes céruléennes du fantôme de Seirin.

– Hmm, oui ? Tu as fini, du coup ? lui demanda-t-il comme si de rien n'était, claquant le clapet de son portable et le fourrant sans grâce dans sa poche.

Il y avait bien intérêt à ce que le jeune Tetsuya ne fasse pas la moindre remarque sur son compte. Là aussi, il le lui ferait amèrement regretter – parce que franchement, jouer au tetris, c'est pas un critère de gagnant ! Le shogi, là, par-contre... C'était une toute autre histoire. C'est vrai, quoi, le shogi, ça a la classe, et tetris... C'est tetris.
De toute façon, c'était tout de la faute de son portable, et il n'avait pas besoin de se justifier. (Parce qu'il restait quand même Akashi, à ne pas oublier.)

– Bon, si tu as fini, on y va, affirma-t-il d'une voix autoritaire.

Pas qu'il n'aimait pas cette boutique mais... Entre les trucs jaunes, les trucs à fanfreluches et les trucs jaunes et à fanfreluches, franchement, il préférait autant partir le plus rapidement possible.