[Event 1] Un chaton mouillé [Takeru] {Fini o/}

Il y a des jours où je me maudis pour avoir des idées à la con. Mais vraiment. Je veux dire, qui à part moi peut avoir pour idée de sortir en pleine alerte tempête ? Je sais que c'était pas une bonne idée mais à la base j'avais vraiment besoin de cette nouvelle carte mémoire pour mon appareil et je me suis dit que j'en profiterais pour faire quelques photos avant de plus pouvoir sortir du tout.
Résultat ? Je suis sous une pluie torrentielle et glaciale, sans parapluie, et pour ne rien arranger il commence à y avoir un foutu vent froid qui me congèle jusqu'aux orteils. Et en plus le métro et le train ne marchent plus donc je ne peux pas rentrer chez moi jusqu'à la fin de l'alerte. Je suis maudis.
Il faut que je trouve un abri avant de finir totalement trempé et congelé. Je regarde autour de moi, je suis dans un quartier résidentiel peut-être que quelqu'un acceptera de m'héberger le temps que la tempête passe ? Je sais que c'est pas le genre de chose à faire mais là c'est particulier quand même. Je me précipite à la première porte venue, celle d'une maison qui n'a pas l'air en super état d'ailleurs, et toque avec force jusqu'à ce qu'on vienne ouvrir. Je dois avoir l'air assez pitoyable, trempé jusqu'aux os devant la porte et le nez rouge à cause du froid.

-Excusez-moi je pourrais rentrer ? J'ai été surpris par la pluie et les métro ne fonctionnent plus, je ne peux pas rentrer chez moi.

Il ne savait pas réellement comment dire ça. Il y avait un mot, il lui semblait, pour décrire le cataclysme qu'avait été cette foutue journée. Parfois, évidemment, il vivait des journées juste catastrophiques, et se cassait la gueule dix fois dans les escaliers en manquant de se péter les deux poignets – et il se demandait encore maintenant comment il avait fait pour qu'ils ne soient pas encore réduits en miettes depuis le temps. Sauf que là, ce n'était pas une catastrophe, ni même un cataclysme à bien y réfléchir, mais c'était carrément l'armageddon !
Alerte météo. Oui, oui, alerte à la tempête, le truc qui vous pourri votre semaine, qui fait que vous pouvez plus acheter de papier pour vos dessins pour les trois prochains jours, et qui fait que vous êtes enfermés dans la même baraque pendant ces mêmes foutus trois jours. Alors bon, tant qu'à faire, Takeru avait préféré ne pas les passer avec son psychopathe de colocataire – parce que passer trois jours enfermés avec lui dans espoirs d'en sortir, c'était menacer son pauvre arrière-train qui galérait déjà suffisamment, merci pour lui.
Il était retourné vite fait bien fait à Tokyo, avant que les transports soient tous annulés, et avait demandé l'asile chez sa mère et son beau-père, qui l'avait presque fichu dehors à coups de pieds. C'était charmant, comme toujours. Mais bon, il avait eu le droit de faire les courses, en les payant de sa poche, et là, ils avaient accepté sa venue – non mais quelle famille de merde... Sauf que l'après-midi, après une sieste bien méritée, la maison était vide, et paraissait être prise dans une tornade vu les bruits flippants qu'elle faisait. Le pire, c'était le petit mot sur le frigo, que sa mère lui avait laissé : "Nous sommes partis nous réfugier chez une de mes collègues, qui nous a gentiment invités. Il y a de la soupe dans le frigo. PS : Tu peux vider le lave-vaisselle ?"
Il ne savait pas réellement pourquoi, mais ça ne l'étonnait pas du tout – enfin la bonne nouvelle, c'est qu'il ne verrait pas ses pestes de demi-sœurs ni son beau-père ! Ahhh son beau-père et lui, toute une histoire d'amour... (Ironie quand tu nous tiens...)
Takeru jeta le morceau de papier en grommelant un peu, avant de tendre l'oreille : il rêvait, ou quelqu'un frappait à la porte ?

– Attendez, y a des gens assez tarés pour être dehors par ce temps ?!

Il se précipita pour ouvrir, et tomba nez à nez avec un adolescent plutôt petit, yeux bleus et cheveux blancs, complètement trempé et visiblement frigorifié.

-Excusez-moi je pourrais rentrer ? J'ai été surpris par la pluie et les métro ne fonctionnent plus, je ne peux pas rentrer chez moi.

Il hocha la tête sans s'en rendre compte, avant de lâcher :

– Oui, bien sûr, entre ! T'as l'air de crever de froid.

Le brun lui laissa la place pour entrer, avant de fermer la porte de son mieux – les courants d'airs n'aidant pas réellement. Puis, tournant la tête vers son squatteur, se demandant pourquoi il avait si bon coeur, il reprit :

– Dis-moi, tu viens de loin ? Ah, et, euh, moi c'est Takeru, au fait.

Bon, allez, un peu d'entraide ne tue personne !

la porte s'ouvrit sur un garçon d'environ mon âge, brun avec des lunettes. Dommages les lunettes, ça cache toujours un peu les yeux des gens j'aime pas ça.

– Oui, bien sûr, entre ! T'as l'air de crever de froid.

Je ne me fais pas prier pour entrer et tombe assis directement alors qu'il ferme la porte. Je pousse un soupire de soulagement, rassuré d'être enfin à l'intérieur d'un quelconque bâtiment, et entreprend de sortir mon précieux appareil de sa housse de protection que je portais en bandoulière pour vérifier son état.

– Dis-moi, tu viens de loin ? Ah, et, euh, moi c'est Takeru, au fait.

Je me relève en souriant et lui tend la main, amical. Take-chan donc, il a l'air très gentil ça me rassure, au moins je suis pas tombé sur un psychopathe. Je dois avoir un air de chat mouillé avec mes cheveux qui gouttent et mes vêtements qui dégoulinent et je me passe une main sur la tête pour remettre mes mèches vers l'arrière.

-Moi c'est Hayato, merci d'avoir ouvert vraiment. Je sais pas ce que j'aurais fait sinon.

Je frissonne de froid et mes vêtements humides n'arrangent rien. Je vais devoir abuser un peu de sa gentillesse on dirait mais il vaut mieux ça qu'attraper un rhume ou une grippe. Je renifle et tente de réprimer un autre frisson.

-Désolé de te demander ça Takeru mais tu pourrais me prêter des vêtements ? J'ai peur d'attraper froid si je reste avec mes fringues trempées.

Takeru grimaça. Sérieux, c'était quoi ce temps de merde, là ? Pourquoi si soudainement, en plus ? Quelle merde.
Il se tourna vers son... invité, puisqu'il fallait bien le nommer d'une quelconque manière, qui lui tendait la main en souriant. Il s'empressa de la lui serrer, pas bien sûr de ce qu'il avait à faire, et lui rendit un sourire un peu maladroit. Le brun perdit quelques secondes à fixer les gouttes de pluie qui lui dégoulinaient devant les yeux, avant de se reprendre.

-Moi c'est Hayato, merci d'avoir ouvert vraiment. Je sais pas ce que j'aurais fait sinon.

Il le vit frissonner de froid, et renchérir :

-Désolé de te demander ça Takeru mais tu pourrais me prêter des vêtements ? J'ai peur d'attraper froid si je reste avec mes fringues trempées.

Takeru écarquilla les yeux un instant, avant de hocher la tête.

– Oui, oui, bien sûr, je suis désolé. Je devrais pouvoir te prêter certains de mes vêtements, on a quasiment la même taille...

Le brun se dirigea vers la salle-de-bain, attrapa une serviette, avant de prendre des vêtements dans son ancien placard et de revenir dans l'entrée. Il enroula la serviette autour de son cou.

– Tu devrais aussi sécher tes cheveux, lui intima-t-il en lui donnant les vêtements. Et tiens, ça devrait aller.

Il s'éloigna un peu, histoire de lui laisser son espace vital.

– C'est normal, on est tous dans la même galère... Tu veux un café, du thé, quelque chose comme ça ? Si tu veux te changer, la salle-de-bain est par-là.

Le dessinateur lui indiqua la pièce de la main.

Je remonte la serviette qu'il a mise autour de mon cou et me frotte la tête pour me sécher les cheveux. Haaa, ça fait du bien de ne plus se sentir humide déjà. Je remet le tissu autour de mes épaules et récupère les vêtements qu'il m'a donné avec un sourire reconnaissant.

– C'est normal, on est tous dans la même galère... Tu veux un café, du thé, quelque chose comme ça ? Si tu veux te changer, la salle-de-bain est par-là.
-Je veux bien un café si ça ne te dérange pas. Et encore merci pour les vêtements.

Je m'enferme dans la pièce qu'il a désigné du doigt et en profite pour me sécher et enfiler les fringues sèches qu'il m'a filé. Je me sens déjà bien mieux comme ça et essors vite fait mes vêtements au dessus du lavabo avant de sortir de la salle de bain avec toujours la serviette sur la tête.
Je l'entend dans une pièce voisine qui doit être la cuisine et le rejoins, attiré par l'odeur du café. Je le vois de dos et vais me coller à lui en souriant.

-Merci encore Take-chan j'ai beaucoup plus chaud grâce à toi ♥.

Je me décolle de lui et lui adresse un sourire amusé. Bon c'est très méchant de ma part de faire ça mais j'ai pas pu m'en empêcher. Et puis ce n'est pas comme si je pensais à quoi que ce soit de malsain je veux juste m'amuser un peu histoire de le cerner mieux.

Hayato se sécha les cheveux à l'aide de la serviette, les ébouriffant quelque peu au passage.

-Je veux bien un café si ça ne te dérange pas. Et encore merci pour les vêtements.

Le brun lui répondit par un sourire, et hocha doucement la tête tandis que l'albinos se dirigeait vers la salle-de-bain, visiblement pressé de se changer. Takeru alla dans la cuisine, et commença a faire le café. Il sortit deux tasses pendant que celui-ci coulait, puis il retourna devant la cafetière, pianota doucement de ses doigts sur la surface en plastique.
Il murmurait les paroles d'une chanson qu'il avait en tête, tout en attrapant un récipient dans chaque main, lorsqu'il sentit qu'on se collait tout contre son dos.

-Merci encore Take-chan j'ai beaucoup plus chaud grâce à toi ♥.

Le brun sursauta avec force, crispa ses doigts sur les anses, et resta figé un instant. Un sourire crispé s'étira sur son visage, et il s'éloigna alors lentement de l'autre lycéen. Pas réellement à l'aise, il reprit néanmoins confiance en se disant que, de toute manière, il était tout de même plus grand que lui – mais que de quelques centimètres, hélas. Enfin, ça suffisait.

– Ah, euh... De rien ? rit-il plutôt nerveusement. Euh, tiens. Ton café.

Il le lui tendit, lui indiqua la table d'un geste vague de la main.

– Tu peux t'installer, hein, te gênes pas.

Takeru laissa ses yeux courir sur le bordel de la-dite table, et attrapa rapidement ses affaires de dessin qui trônaient encore dessus pour les mettre... Sur le plan de travail. En même temps, y avait pas tant de place que ça, vu que la cuisine était légèrement minuscule.

– Hum, dis-moi, je me demandais, tu as quel âge ? tenta le brun pour changer de sujet, trempant les lèvres dans le breuvage amer. J'arrive pas à savoir si tu es plus jeune ou plus âgé que moi.

Je remarque qu'il se crispe lorsque je me retrouve dans son dos en le surprenant. Il a l'air assez mal à l'aise avec la proximité celui-là. J'accepte le café qu'il me tend et lui renvois un petit sourire en coin avant d'en prendre une gorgée.

– Tu peux t'installer, hein, te gênes pas.

Je m'assied à une des chaises autour de la table et le regarde débarrasser les affaires qui se trouvaient dessus, un carnet et des affaires de dessins d'après ce que je vois. Ho, donc il dessine c'est intéressant. Je me demande qui vit ici en temps normal parce que de ce que j'ai vu je ne pense pas qu'il vive seul dans cette maison, c'est surement celle de ses parents. Mais dans ce cas ils sont où ?

– Hum, dis-moi, je me demandais, tu as quel âge ? J'arrive pas à savoir si tu es plus jeune ou plus âgé que moi.
-J'ai eu dix-neuf ans il y a peu, je suis en troisième année de lycée à Rakuzan en fait. Et toi ? Je te donnerais dix-sept ans, en deuxième année ?

Je pose mon coude sur la table, ma tête appuyée sur ma main en souriant. Artiste, effacé, du genre à se cacher derrière ses lunettes et ses carnets, trop gentil peut-être voire même un peu naïf. Très mignon aussi, le type de mec qui attire les psychopathes... Un peu comme moi.

-C'est toi qui dessine ? Je m'y connais pas trop en art, mon truc à moi c'est plus la photo, mais je trouvais ça assez réussi pour ce que j'en ai vu.

Je désigne les affaires à dessin qu'il a entassé sur le plan de travail avec un sourire appréciateur. Tmide aussi je trouve mais pas non plus du genre à se laisser marcher sur les pieds. Ouais, le genre de personne qui gagne à être connue pour peu qu'on le remarque.

-J'ai eu dix-neuf ans il y a peu, je suis en troisième année de lycée à Rakuzan en fait. Et toi ? Je te donnerais dix-sept ans, en deuxième année ?

Takeru leva les yeux vers lui et les laissa courir sur son visage, qu'il analysa plus en détail. Il était petit, à l'allure frêle et au visage fin qui contrastait avec son sourire et son regard plus que déroutant. Ses paupières demi plissées cachaient à grand peine deux orbes bleu acier dans lesquels il se perdit l'espace d'un instant. Il se mit sans attendre à imaginer de quelle manière il aurait pu rendre pareil visage sur papier, et pencha aussitôt pour de l'aquarelle ; les cheveux et la peau claire, que viendraient trancher ces yeux si lumineux, et l'étirement excessif de ses lèvres...
Il se reprit. Très honnêtement, bien qu'il semblât présenter des traits plus proches de l'âge adulte que de l'adolescence, sa taille l'avait réellement trompé, et il aurait été parfaitement incapable d'assurer qu'Hayato était plus âgé que lui. Après, ce n'était que d'un an... Mais tout de même. Takeru avait trop tendance à se fier au premier abord à l'apparence des gens – puis, ensuite, apprendre à les connaître, comme il l'avait rarement fait.
Puis, il suivit le regard de son hôte, qui s'arrêta sur son matériel à dessin. Ah, grillé.

-C'est toi qui dessine ? Je m'y connais pas trop en art, mon truc à moi c'est plus la photo, mais je trouvais ça assez réussi pour ce que j'en ai vu.

Un pâle sourire se glissa sur les lèvres timides du brun, qui hocha la tête.

– Merci beaucoup. C'est effectivement le cas, mais c'est pas si « réussi » que ça, tu sais, laissa-t-il échapper dans un rire gêné. J'aimerais bien voir tes photos une fois – même si, là, c'est moi qui ne m'y connais pas tant que ça. Je préfère les crayons et mes pinceaux, c'est plus... Enfin, j'aime le travail plus manuel, quoi... Je sais pas faire grand chose de plus de toute manière.

Le seul moyen qu'il avait trouvé de faire quelque chose de sa vie avait été de prendre un crayon, un carnet, et de se perdre dedans pendant des heures, jusqu'à en oublier la vie réelle – et ça lui avait certainement sauvé la vie, dans un sens. Il le savait : il n'avait aucun talent pour quoi que ce soit d'autre. Pas le moindre. Trop faible ou petit pour s'imposer dans n'importe quel sport – et sincèrement, le ping-pong ne le branchait pas le moins du monde –, pas forcément bon en cours parce qu'il ne s'intéressait à rien. Il n'aimait pas non plus passer des heures à lire, ni même à traîner sur internet, devant la télé, ou jouer à des jeux vidéos – ils avaient bien une télé, dans leur appartement, mais Kazushi passait les trois-quart de sa vie dessus. Quand il ne lui courait pas après, du moins. Vraiment, rien. Dessiner, peindre, de la musique dans les oreilles ; pour lui, il n'y avait rien d'autre qui comptait plus que ça.

– Sinon, oui, je suis bien en seconde année. À Yosen High. Mais j'ai eu... Dix-huit ans, assez récemment.

« La veille, en fait, » réalisa-t-il finalement avec désespoir. Il eut un nouveau sourire un peu faible, automatique. Avoir pris l'habitude de se faire oublier, c'est triste, quand même. Mais au point de s'oublier soi-même ? « C'est... ahah. C'est déprimant en y repensant bien. »

– Rakuzan, c'est pas tout près, au fait. Pourquoi tu es venu à Tokyo par un temps pareil ?

Takeru but une gorgée de café, laissa courir un regard vague sur la minuscule pièce. En même temps, si lui-même commençait à s'oublier dans un coin, les autres ne tarderaient pas à faire de même. « Quelle famille de merde. Je comprends même pas pourquoi je suis là. Ce que je fais là... Pour échapper à un tyran, je vais m'enfuir, et m'enfermer sous le toit d'un type encore plus taré que lui. C'est sûrement ça qu'on appelle la stupidité. La connerie pure, qui vous ravage les tripes et vous fout dans la merde jusqu'au cou. »

Je l'observe en souriant, continuant de dresser son portrait mentalement. Manque de confiance en lui, doute de ses talents, je sais pas ce qu'il a vécu pour avoir une aussi mauvaise image de lui-même mais ça devait pas être très drôle en tout cas.

– Sinon, oui, je suis bien en seconde année. À Yosen High. Mais j'ai eu... Dix-huit ans, assez récemment. Rakuzan, c'est pas tout près, au fait. Pourquoi tu es venu à Tokyo par un temps pareil ?

Il a un sourire triste de pauvre garçon ce Takeru, ça me donne envie de le faire rire un peu. Je suis pas super doué pour faire le pitre et j'en ai pas très envie mais on va voir s'il a au moins de l'humour. Je me passe la main sur la nuque avec un sourire gêné en riant.

-Eh bien au départ j'étais venu à Tokyo pour acheter du matériel pour mon appareil. Je pensais avoir le temps de rentrer chez moi avant que la tempête empire mais les trains ne circulent plus et je ne pouvais pas retourner chez moi. Quand j'y repense j'ai été très bête sur ce coup, j'aurais du y penser.

Je ris doucement, amusé de ma propre stupidité. Je pose mon appareil sur la table et l'allume en faisant signe à Takeru de s'approcher.

-Puisque qu'on a du temps à tuer je te propose de t'apprendre comment utiliser mon appareil. Tu verras c'est pas très compliqué, et en échange tu me montreras tes dessins.

Je lui fait un clin d'oeil joueur et porte l'appareil à mon oeil d'un mouvement fluide avant d'appuyer sur le déclencheur. Je l'éloigne de mon oeil et regarde la photo que j'ai prise sur l'écran numérique de l'appareil. On voit Takeru avec un regard un peu surpris et derrière lui le plan de travail un peu flou qui forme des taches de couleur pas très bien délimitées. J'esquisse une moue boudeuse, ce n'est pas vraiment ce que je cherchais à faire.

Takeru reprit rapidement pied avec la réalité, mais finit par être réellement gêné par le regard de son vis-à-vis. Il n'avait pas réellement l'habitude d'être fixé aussi longtemps – certainement parce qu'il n'avait déjà pas pour habitude de tenir une véritable discussion, surtout aussi longue. Il ne dit pourtant rien, se contentant de donner un peu plus de vie à son sourire, qui, il l'espérait, n'allait pas trop déprimer son invité. La preuve, il semblait à peu près aussi gêné que lui, c'était pas vraiment bon signe !

-Eh bien au départ j'étais venu à Tokyo pour acheter du matériel pour mon appareil. Je pensais avoir le temps de rentrer chez moi avant que la tempête empire mais les trains ne circulent plus et je ne pouvais pas retourner chez moi. Quand j'y repense j'ai été très bête sur ce coup, j'aurais du y penser.

Ah, quoi que... C'était sûrement pour ça, en fait.
Takeru lui lança un sourire compatissant, avant de se pincer les lèvres pour retenir le pouffement amusé qui menaçait de lui échapper. Il avait été aussi stupide que lui, en y repensant bien. Enfin ça, c'était habituel chez lui, en même temps, mais voilà !

– Je suis content de voir que je suis pas le seul à avoir des idées stupides par un temps pareil, ça me rassure. Toi aussi, tu as le don de te mettre tout seul dans la merde ? lâcha-t-il avec un sourire taquin.

Puis le brun le regarda sortir son appareil photo – et quel appareil ! – et le poser sur la table.

-Puisque qu'on a du temps à tuer je te propose de t'apprendre comment utiliser mon appareil. Tu verras c'est pas très compliqué, et en échange tu me montreras tes dessins.

Il s'apprêta à répliquer, mais n'eut pas le temps d'esquisser le moindre geste puisqu'Hayato le prit presque immédiatement en photo. Les joues rougissantes, probablement avec une tête de merlan frit, Takeru réagit directement :

– Nooon pas de photo, efface-moi cette horreur ! se plaignit-il en riant, plus gêné qu'outré.

Il s'approcha de son sempai, et lui sourit – d'un véritable sourire pétillant de malice.

– Bon allez, d'accord ; je veux bien. Il a la classe, d'ailleurs – l'appareil, hein. Par contre, laisse-moi te dessiner, après. Comme ça, tu auras la sublime photo de ma personne, et je pourrais avoir ton portrait, plaisanta-t-il. Je serais encore capable de pas te capter si jamais on se recroisait. Je t'assure.

La mémoire défaillante, que voulez-vous.
Le brun baissa les yeux vers l'appareil photo. C'est vrai, ça n'avait pas l'air si compliqué. Appuyer sur le bouton, et c'est bon, généralement, hein. Par contre, pour les réglages, faudra pas compter sur lui...

– Je suis content de voir que je suis pas le seul à avoir des idées stupides par un temps pareil, ça me rassure. Toi aussi, tu as le don de te mettre tout seul dans la merde ?

Je ris doucement, amusé. Plus qu'un don je dirais que c'est presque recherché dans certains cas, mais c'est aussi clair que je devais vraiment être un connard dans une vie antérieure vu ma malchance occasionnelle.

– Nooon pas de photo, efface-moi cette horreur ! Bon allez, d'accord ; je veux bien. Il a la classe, d'ailleurs – l'appareil, hein. Par contre, laisse-moi te dessiner, après. Comme ça, tu auras la sublime photo de ma personne, et je pourrais avoir ton portrait. Je serais encore capable de pas te capter si jamais on se recroisait. Je t'assure.

Je lui renvoie un autre sourire joyeux. Je préfère le voir comme ça, les gens sont toujours bien plus intéressants avec un sourire. Je tire une légère grimace à l'idée de devoir rester immobile pendant plusieurs minutes pour qu'il puisse me dessiner.

-Tu verras le plus compliqué en fait c'est d'arriver à faire la photo que tu veux mais sinon il n'y a pas de photo ratée. En tout cas j'en jette rarement, je pense que tu peux toujours trouver quelque chose d'intéressant même dans une photo flou ou mal cadrée et crois moi des comme ça j'en prend pas mal.

Je ris, mi-moqueur, mi-sérieux, et repose l'appareil sur la table et m'y accoude, le fixant sans bouger avec un petit sourire moqueur, les jambes croisées sur les barreaux de la chaise.

-Tu as dit que tu voulais me dessiner donc je t'en prie, te gêne pas mais après je te ferait payer ça en prenant pleeeiiiin de photos.

Je lui renvois un sourire moqueur et étouffe un petit rire ironique. Il me plait bien ce Takeru, j'ai l'impression qu'il me ressemble un peu par certains côtés. En tout cas il est sympathique et j'espère qu'on va bien s'entendre.

Takeru nota la légère grimace de son vis-à-vis lorsqu'il lui parla de la dessiner. Bah quoi, généralement, les gens, ils sont contents quand on leur dit ça, non ? C'est pas comme si il était un des types difformes qu'il croquais – non, non, il ne les bouffait pas, ne vous méprenez pas ! – de temps à autres dans le bus/train/métro/parc où il atterrissait parfois sans savoir comment... C'est vrai quoi ! Là c'était par pur esprit pratique, vraiment.

-Tu verras le plus compliqué en fait c'est d'arriver à faire la photo que tu veux mais sinon il n'y a pas de photo ratée. En tout cas j'en jette rarement, je pense que tu peux toujours trouver quelque chose d'intéressant même dans une photo flou ou mal cadrée et crois moi des comme ça j'en prend pas mal.

Le brun retint un léger rire. C'était un peu la même chose avec ses dessins en fait... Quoi qu'y en avait qui était quand même sacrément ratés. Mais réellement, hein, pas juste parce qu'il y avait un trait qui dépassait – même si il était parfois un peu maniaque sur les bords de ce côté-là. Des fois, ça aide d'être bigleux, on voit pas toujours les légères imperfections – et au moins on ne psychote pas pour un truc pareil.

-Tu as dit que tu voulais me dessiner donc je t'en prie, te gêne pas mais après je te ferait payer ça en prenant pleeeiiiin de photos.

Cette fois c'est au tour de Takeru de grimacer.

– Eh, c'est pas juste, j'aurais pas le temps de faire « pleeeiiiin » de dessins moi ! bouda-t-il gentiment, avant de reprendre son sourire. Enfin quoi qu'il en soit, je prends en note.

Il fit basculer sa chaise vers l'arrière pour attraper son matériel à dessin – faisant tomber quelques feuilles qu'il ignora royalement – avant de monter l'une de ses jambes sur la chaise et de caler son bloc contre celle-ci. Il le dévisagea pendant quelques minutes, traçant le contour du visage sans même regarder le support.

– Tu as vraiment un visage très fin, c'est marrant, constata-t-il avec un sourire. D'ailleurs, c'est dommage, j'ai pas mon nécessaire pour faire de l'aquarelle, je l'ai oublié à l'appart'.

Quoi que, généralement, il l'utilisait pas beaucoup...

– Petite question, comme ça : tu dis que tu es en troisième année, mais du coup, t'as bientôt fini le lycée. Tu veux faire quoi après ça ? Désolé si je suis indiscret. Ah et tu peux bouger si tu veux, j'ai déjà tracé la position. Le reste, je pourrais faire de mémoire.

Puis il baissa les yeux vers la feuille, et commença à réellement tracer les traits de son visage, lorgnant tout de même de temps à autre sur son modèle pour avoir une meilleure idée des proportions, creux et pleins à imager.

– Eh, c'est pas juste, j'aurais pas le temps de faire « pleeeiiiin » de dessins moi ! Enfin quoi qu'il en soit, je prends en note.

Sa moue boudeuse me tire un rire et je le suit des yeux alors qu'il se penche en arrière pour attraper de quoi dessiner. Il cale une de ses jambes sur la chaise et son bloc sur celle-ci avant de commencer à dessiner sans même regarder sa feuille.

– Tu as vraiment un visage très fin, c'est marrant. D'ailleurs, c'est dommage, j'ai pas mon nécessaire pour faire de l'aquarelle, je l'ai oublié à l'appart'. Petite question, comme ça : tu dis que tu es en troisième année, mais du coup, t'as bientôt fini le lycée. Tu veux faire quoi après ça ? Désolé si je suis indiscret. Ah et tu peux bouger si tu veux, j'ai déjà tracé la position. Le reste, je pourrais faire de mémoire.

Je souris et m'étire, montant mes mains vers le plafond avec un grognement de bien-être. Sa question me donne au moins le loisir de réfléchir. Qu'est-ce que je veux faire l'en prochain ? Au début je pensais à une école de journalisme mais ce genre d'études est trop stricte pour moi. Je dois en core y réfléchir mais...

-J'irais surement à la fac de sciences politiques de Kyoto si je suis pris. J'aimerais vraiment devenir journaliste et ça me semble le plus simple vu qu'un école privée ne me conviendrait pas, trop cher.

J'étire un sourire espiègle, pensant aux possibilités que j'aurais si je vais à la fac. Je suis déjà presque autonome mis à part l'aide financière occasionnelle de mes parents mais l'an prochain j'aurais des horaires surement plus libres donc plus de temps pour un petit boulot et plus d'autonomie. Oui vraiment, cette idée me plait.

-J'irais surement à la fac de sciences politiques de Kyoto si je suis pris. J'aimerais vraiment devenir journaliste et ça me semble le plus simple vu qu'un école privée ne me conviendrait pas, trop cher.

Takeru hocha doucement la tête, les yeux tournés vers sa feuille afin de pouvoir tracer avec une aisance certaine le visage de son vis-à-vis. Son regard fit quelques vas-et-vient entre son support et son modèle, avant qu'il ne décide de lui répondre.

– Journaliste ? Qu'est-ce que tu aimes bien, dedans ? Écrire, trouver les infos ? Je t'envie d'avoir la motivation de faire ce qu'il te plaît, tu sais.

Un léger sourire accompagna ses paroles curieuses.
Le brun tendit la main pour attraper la gomme qu'il avait laissée sur la table, avant de stopper son geste ; soudainement, la faible lumière de la cuisine s'éteignit, plongeant la pièce dans une pénombre relative. Ce ne fut qu'à cet instant que Takeru compris que la tempête, au dehors, était légèrement plus grave que ce qu'il avait escompté. Par la fenêtre, ils pouvaient voir les nuages agglutinés dans le ciel sombre, et la rue, martelée de pluie, leur apparaissait comme un décor nocturne alors même qu'ils étaient en plein jour. La maison, mal isolée, craquait désagréablement à chaque coup de vent – et, les rires envolés, dans l'obscurité et le mugissement du vent en colère, le danger lui sembla soudain bien plus réel encore.
Le dessinateur jeta un regard à demi inquiet à son aîné.

– Tu crois que ça va s'aggraver … ? lui demanda-t-il, serrant sans s'en rendre compte son crayon dans sa main gauche. On devrait peut-être se réfugier à la cave, ou, je sais pas...

Il garda le silence un instant, constata que les iceberg d'Hayato restaient fixés sur le spectacle macabre du dehors. Ses lèvres se pincèrent.

– On ne peut rien faire... Juste attendre.

Une pointe de culpabilité le submergea lorsqu'il songea à son colocataire, qu'il avait lâchement abandonné à l'appartement. En réalité, il avait beau se donner toutes les excuses qu'il voulait, il ne savait pas pourquoi il était parti sitôt l'affaire apprise ; il ne le détestait pas... Son visage s'assombrit.

– J'espère que Kazu va bien... murmura-t-il pour lui même, baissant des yeux coupables sur sa feuille dont il peinait à voir les ornements.

– Journaliste ? Qu'est-ce que tu aimes bien, dedans ? Écrire, trouver les infos ? Je t'envie d'avoir la motivation de faire ce qu'il te plaît, tu sais.

Voila une déclaration curieuse. Tu semble être quelqu'un de particulièrement intéressant Take-chan. Pour manquer de motivation il ne faut pas aimer ce qu'on fait, et pourtant tu m'as au moins l'air d'aimer dessiner.
La lumière s’éteint d'un coup, nous plongeant dans l'obscurité. Nous ne sommes pourtant qu'en milieu d'après-midi mais le ciel est tellement obscurci par les nuages que la lumière du jour a disparue. Le vent fait craquer la maison, mal isolée. Je regarde par la fenêtre, laissant mon regard se perdre dans le ciel devenu noir. J'aime les tempêtes, elle me remettent à ma place. Il pleuvait presque autant ce jour-là. Ça me rappelle mes résolutions, dire que je m'étais juré de ne plus jamais m'attacher à qui que ce soit. Tout ce que j'ai réussi à faire c'est tomber amoureux du type le plus taré et psychopathe que cette pauvre planète ait pu porter.
Me rendant compte que Takeru a parlé alors que j'étais perdu dans mes pensées je tourne le regard vers lui, en oubliant momentanément mon sourire pour ne laisser qu'un visage pensif et triste.

-Excuse moi, je pensais à... Aucune importance. Pour répondre à ta question j'aime tout dans le journaliste mais ce qui me plait le plus c'est l'aspect fouineur je dirais. Je suis pas quelqu'un de particulièrement sympathique et aussi très curieux. Donc disons que fouiller la vie des autres me fait souvent bien rire. Emmerder les gens est un de passe-temps.

Je marque une pause un instant, cherchant mes mots, mais au moment où j'ouvre la bouche un coup de vent plus fort que les autres ouvre la fenêtre de la cuisine brutalement, éparpillant les feuilles de Takeru et renversant les chaises. La pluie entre par la fenêtre, trempant le carrelage et je me lève précipitamment, m'éloignant de l'eau, pour retourner vers le couloir. Je me tourne vers Takeru, voyant qu'il m'a suivit.

-On devrait aller dans la cave finalement, c'est par où ?

Le visage d'Hayato devint pensif, et emprunt d'une légèrement tristesse, alors même qu'il regardait par la fenêtre. Ce n'était même pas réellement de la tristesse ; une certaine mélancolie, qui se lisait dans ses yeux sans mal. Parce que son visage avait beau sourire constamment, ses yeux, eux, ne pouvaient pas toujours suivre le mouvement. C'était le genre de choses que Takeru connaissait assez bien pour l'expérimenter au quotidien. Savoir lire en l'autre était une chose que Takeru n'avait jamais aimé faire, même s'il y parvenait facilement – si les gens veulent parler, qu'ils parlent ; sinon, qu'ils se taisent. Tout le monde a des problèmes, et Takeru serait fou de dire le contraire – ou, plutôt, ce serait se voiler la face. Il n'en était plus à ce stade-là depuis bien longtemps. Faire face à la réalité, l'accepter malgré tout ; on s'en relève pas toujours, mais c'est nécessaire dans le processus. Malgré tout.

-Excuse moi, je pensais à... Aucune importance. Pour répondre à ta question j'aime tout dans le journaliste mais ce qui me plait le plus c'est l'aspect fouineur je dirais. Je suis pas quelqu'un de particulièrement sympathique et aussi très curieux. Donc disons que fouiller la vie des autres me fait souvent bien rire. Emmerder les gens est un de passe-temps.

Un coup de ouvrit soudainement la fenêtre de la cuisine, et le brun poussa un petit glapissement en se jetant sur son matériel à dessin pour lui éviter d'être mouillé. Il tenta de fermer la fenêtre, mais celle-ci était visiblement bien pétée – oh malheur... Il suivit Hayato jusque dans le couloir, serrant ses affaires contre lui.

-On devrait aller dans la cave finalement, c'est par où ?
– Par-là, suis-moi.

Il le guida un instant vers le fond du couloir, avant de se stopper face à l'entrée de la cave.
Ahah. La cave.
Takeru était-il donc incapable de réfléchir ? La cave ? Et pourquoi pas directement la chambre des parents, tant qu'il y était ?
Oh, connerie, connerie.
Dire qu'il allait encore passer des jours là-dedans, ça lui donnait la gerbe. Mais au moins, ce serait en meilleure compagnie... Nan, franchement, il pouvait pas.

– Heurm. Je viens d'y penser, mais ça risque d'être inondé là-bas, mentit Takeru, un sourire tremblotant aux lèvres. Le grenier c'est mieux, je pense. Même si c'est tout aussi poussiéreux – désolé.

Il alla ouvrir la trappe menant au grenier, fit descendre l'échelle de son mieux – avec sa taille, c'était pas gagné.

– Vas-y, monte.

°•o•°

Deux jours plus tard, les deux adolescents ressortirent enfin de ce foutu grenier, où ils avaient respiré des toiles d'araignées en non-stop. Deux jours pour que cette conne de tempête ne se calme. Ils avaient pu descendre chercher des vivres – 'fin, vite fait, quoi, histoire de pas crever de faim – mais sinon... Sinon, ils étaient resté dedans, et avaient discuté. Un peu d'eux, de leur lycée, pas trop dans les détails de la famille, des amis – Takeru avait soigneusement évité de sujet « Kazushi », même si il était persuadé d'avoir prononcé son nom toutes les quatre minutes vingt-cinq en moyenne. Comme d'hab'.
C'est qu'il n'allait pas si mal, finalement...
Takeru raccompagna son invité surprise jusqu'à la porte d'entrée, heureux de constater que tout était passé. La maison craquait encore plus, la cave était inondée (bien fait, ce taré pourra plus l'enfermer dedans !... quoi que, c'est pas sûr que ça l'arrête) et la fenêtre toujours cassée, mais tout le monde allait bien.
Il jubila presque en posant un pied à l'extérieur.

– Woah, ça fait du bien...

De l'air, du soleiiiiil !

– Par-là, suis-moi.

Je le suis jusqu'à une porte vers le fond du couloir mais il se stoppe brusquement. Je lève un sourcil interrogateur, remarquant qu'il semble mal à l'aise. Il a peur du noir peut-être ? Pourtant ça ne semblait pas trop le gêner quand on était dans la cuisine. Un soucis avec la pièce alors ? Il a un souvenir de la cave pas très plaisant surement.

– Heurm. Je viens d'y penser, mais ça risque d'être inondé là-bas. Le grenier c'est mieux, je pense. Même si c'est tout aussi poussiéreux – désolé.

J'acquiesce sans insister, on a tous nos démons sans forcément vouloir que les autres aillent fourrer leur nez dedans. J'en ai aussi comme pas mal de monde surement donc je comprend. Je le suis de nouveau alors qu'il ouvre la trappe qui mène au grenier puis descend l'échelle.

*~~*

Deux jours, deux foutus jours enfermés dans ce grenier à souffler sur les toiles d'araignées et à respirer la poussière. J'ai cru que ça s'arrêterais jamais. Heureusement on a pu descendre chercher de quoi manger. On a essayé de s'occuper comme on a pu, on a discuté beaucoup, de nos vies, de nos lycées respectifs et de pas mal de choses. J'ai évité avec soin le sujet "basket et les gens qui y jouent" mais j'ai pensé à Akashi, beaucoup plus que ce que j'aurais voulu d'ailleurs mais passons.
Il me raccompagne à la porte d'entrée et je m'étire largement, profitant du soleil enfin revenu. Ha de l'air frais, ça fait un bien fou. Je fais un grand sourire heureux, j'aime pas la pluie.

– Woah, ça fait du bien...
-Je n'aurais pas mieux dit, encore merci de m'avoir laissé rester. Je vais pouvoir rentrer chez moi. Si un jour tu passes vers Kyoto fais moi un signe, je serais ravi de te revoir Takeru. Je te payerais un coup ou un café.

Je lui fais un clin d'oeil et m'éloigne en sautillant. Bon les métros sont surement inondés et hors-service, je vais devoir rentrer à pied mais je suis trop heureux de sortir pour m'en soucier.

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