La nuit l'enveloppait. Il sentait la présence chaleureuse d'Hayato dans son dos, lui-même blotti dans les couvertures. Cette douce sensation de nostalgie flottait dans l'air, doux parfum de bois et de linge frais. Les souvenirs refluaient malgré lui et venaient parasiter ses rêves les plus profonds, ses pensées les plus intimes. Il aimait y songer à nouveau, parfois, lorsque le temps s'y prêtait ; la pluie le plongeait souvent dans la plus grande perplexité.
L'orage, en revanche, venait briser ce tableau idyllique. Il se mit d'abord à le haïr, ce bruit de l'enfer, qui le sortait lentement de la torpeur. Et bien plus encore lorsqu'il ouvrit les yeux, le lit et le corps froid comme la mort. Vide.
Quelques instants à comprendre ce qu'il se passait. Le lit était vide. Hayato n'était plus là. Il était parti.
Il l'avait laissé ?
La mélancolie fut chassée, remplacée bien vite par le néant. Le rien.
Seijuro pinça les lèvres en se redressant sur le matelas, l'esprit embrumé, encore, quelque part, perdu dans ce rêve d'un autre temps qui ne serait jamais retrouvé. Il se passa une main sur le visage pour chasser les dernières traces de sommeil et retint un frisson – il posa ensuite un pied au sol, puis le second, et entama sa lente marche. Hayato ne se levait jamais la nuit. Il dormait, blotti contre lui, son petit corps frême pressé contre le sien comme celui d'un enfant ; et plus le temps passait, plus Seijuro en venait à retrouver cette candeur enfantine en lui, derrière ses traits, son rire et son sourire. Ce masque qui se fendillait en sa présence, qui laissait voir un homme meurtri mais aimant – un homme qui l'aimait lui. Aussi étrange que l'idée puisse paraître. Et dieu seul savait à quel point elle l'était.
Il poussa la porte avec lenteur, silencieusement ; dehors, les grosses gouttes du ciel s'écrasaient sur le carreau, et la nuit semblait parfois coupée en deux, zébrée de larges éclairs lumineux. Il s'arrêta.
Il observa longuement, sans un mot, sans un geste, la main toujours sur la poignée de la porte, le petit homme prostré sur son fauteuil. Recroquevillé, les mains plaquées sur ses oreilles comme pour se protéger du bruit, il retenait à peine de lourds sanglots teintés de douleur. De peur.
Il n'avait plus rien à voir avec l'étudiant cynique qu'il côtoyait chaque jour. Son masque s'était définitivement brisé, et les miettes jonchaient le sol avec amertume, contemplant ce bout d'être asservi par la frayeur.
Seijuro sentit sa main quitter la poignée – il avança d'un pas, puis de deux. Lentement, toujours très lentement. Comme on s'approche d'un animal blessé, apeuré, afin de lui tendre la main.
Il n'avait jamais réellement ressenti ce besoin de bonté envers les autres. Il lui arrivait d'être bienveillant, de sourire, de rassurer ; mais consoler ne faisait généralement pas partie de son vocabulaire. Akashi était plutôt de ceux qui détruisait les vies.
L'auburn s'accroupit à ses côtés, glissa doucement sa main sur l'une des siennes, pour attester de sa présence sans risquer de l'effrayer d'avantage. Dans un geste presque paternel, celle-ci se fraya un chemin sur sa joue humide. Il voulait le forcer à ouvrir les yeux, le regarder.

– Haya-chan a peur de l'orage ?

Il voulait qu'il ne regarde que lui.

Le regard qu'Hayato lui lança, lorsqu'il ouvrit finalement les yeux, suffit à serrer douloureusement son cœur dans sa poitrine. Ce regard apeuré et les quelques balbutiements qu'il prononça alors restèrent un instant gravé dans son esprit. Il pinça les lèvres. Pas vraiment agacé. Pas attristé non plus – en imaginant qu'Akashi puisse l'être. Il ressentait ce malaise ; pas de la pitié, mais plutôt celui que l'on ressent quand on voit quelqu'un qui nous est cher dans un tel état. Quelqu'un qu'on apprécie. Ou qu'on aime.
Akashi n'a jamais aimé personne. Et de ce fait, il prenait un malin plaisir à voir souffrir les autres. Les voir pleurer. Panser leurs plaies, seuls.
Mais c'était Seijuro qui se tenait dans ce salon. Seijuro, et personne d'autre.

-Sei...

Sa voix faisait peine à entendre. Pourtant, le voir l'appeler avec tant de sollicitude le touchait, au fond de lui, bien plus qu'il ne se l'avouerait jamais. Même lui parvenait difficilement à croire qu'il nourrissait de tels sentiments à l'égard de son aîné. C'était invraisemblable.
Il s'approcha lentement de lui, caressa brièvement sa nuque dans un geste qui se voulait tendre, mais un peu maladroit. Il esquissa un sourire doux. Léger.
Il pourrait toujours mettre ça sur le compte de l'heure tardive.

– Tout va bien, Hayato. Je reste avec toi.

Seijuro posa son front contre le sien, caressant ses mèches claires un instant.

– Attends-moi. Et fais moi un peu de place.

Le ton n'était pas autoritaire ; au contraire, seul un murmure s'échappa d'entre ses lèvres. Un soupir.
Après avoir fouillé un moment dans son sac, il en tira son butin et revint auprès de lui. Il s'assit sur le fauteuil – ou, tout du moins, prit le peu de place qu'il restait. Il incita son aîné à venir contre lui sans violence aucune, et l'obligea, doucement mais fermement, à retirer ses mains.

– Fais moi confiance.

Puis, il plaça son casque audio sur ses oreilles, et alluma la musique. Quelque chose de doux. De suffisant pour se calmer. Peut-être s'endormir.
Mais surtout, ne plus entendre ce fichu orage.

– N'aies pas peur, Haya-chan, souffla-t-il en déposant un baiser sur son front, le serrant dans ses bras en fermant les yeux, apaisé de retrouver son corps chaud contre le sien.

Seijuro lutta contre le sommeil. Ses bras entouraient avec possessivité le corps de son amant dans un geste protecteur et borné. Il se força à surveiller les traits lisses, en attente d'une détente, rien qu'un peu de calme sur son visage. La sérénité qu'apporte le sommeil.
Il enregistrait chaque respiration, chaque pulsion de son cœur contre son poitrail ; ce n'était plus de la prévenance, c'était devenue de la paranoïa. Une paranoïa pure et dure, de le voir s'agiter encore, sombrer peu à peu dans les ténèbres. De revoir cet air affolé dans ses yeux – cette terreur qu'il n'autorisait que lui-même à lui insuffler. Mais qu'il ne pardonnait pas, à personne. Pas même à lui.
Surtout à lui.
Sa tête dodelinait dangereusement. Il tentait de garder les yeux ouverts, mais le manque de sommeil de ces dernières nuits se faisait ressentir. Il était encore tard, la pluie et l'orage grondaient toujours derrière lui, et il se sentait bercé comme un enfant dans les bras de sa mère.
Sa mère.
Son parfum le lui rappelait, parfois. Et cette manière de l'appeler, de prononcer ces quelques mots : « Sei-chan. » Une tendresse fugitive qui assommait son cœur à coups de sourires et de larmes. De souvenirs brouillés, dont seule l'atmosphère s'imposait encore à lui : le bonheur.
Aussi soudainement que tombe la nuit, il s'endormit à son tour.

La lumière du jour lui brûla la rétine lorsqu'il rouvrit les yeux. Il plissa les paupières, fronça les sourcils ; ses yeux furetaient partout autour de lui, analysant le lieu et la place qu'il occupait. Il mit de longues secondes à comprendre pourquoi il ne se trouvait pas dans le lit du blandin ; la scène de la veille lui revint en mémoire peu de temps après.
Inconsciemment, il hésitait entre continuer à veiller le bel endormi et cracher à la figure de sa faiblesse et de son sentimentalisme. Son rêve de la nuit dernière, comme toujours lorsqu'il retombait en plein dans la réalité, lui laissait un goût amer sur la langue, et une humeur passablement mauvaise.
Il resserra sa prise sur Hayato, décidant finalement de ne rien faire, d'attendre de voir. De voir dans quel état l'albinos se réveillerait, et quelle partie de lui-même prendrait le dessus. Cependant, avec lui dans ses bras, il ne pouvait pas se permettre de se laisser aller.
Akashi détestait les dilemme depuis toujours – et il prenait rarement la peine de les régler en douceur ; il préférait éclipser les problèmes. Et s'ils ne s'en allaient pas d'eux-même, il se chargeait généralement de les faire disparaître définitivement. Sans prendre de pincettes.
Mais Seijuro, parfois, dans un élan de bon sens – certainement pas de la bonté – se contentait de contenir ces instincts primaires qui l'obligeaient à entrer en conflit avec autrui et lui faisaient comprendre qu'il était le roi.
Même le roi a des faiblesses qu'il ne peut effacer.
Un soupir lui échappa, et il glissa une main légère dans les cheveux clairs.

– Hayato ?

Ce n'était pas vraiment qu'il ne voulait pas le laisser dormir plus – mais dormir à deux dans un fauteuil, ça n'a jamais rien eu de très confortable.

Hayato mit un moment à se réveiller. On aurait dit un petit enfant qu'on tirait du lit, le matin, pour l'emmener à l'école. Encore une fois. Seijuro s'était toujours demandé comment il faisait pour considérer son aîné, malgré ses traits si matures, comme un gosse de dix ans, parfois. Sa taille, peut-être. Son allure chétive. Ses cheveux, qui lui donnaient un air plus maladif encore. Son regard, peut-être...
Le voir lever les yeux vers lui le rasséréna un instant. Il avait l'air encore chamboulé, mais allait mieux – et, dans un sens, c'était ça le plus important. Son petit air de chaton endormi lui arracha un semblant de sourire, et il s'approcha pour déposer un baiser sur sa joue, avant de stopper son geste en l'entendant parler.

-Bonjour Sei-chan, pas trop mal dormi ?

Il étira un sourire contrit, un peu agacé, mais surtout le cœur serré. « Sei-chan. » Cette manière de parler, de faire comme si rien ne s'était passé. Et l'appeler comme ça, après un rêve pareil. Oh, bien sûr, il ne pouvait pas savoir – il ne fallait pas qu'il sache, en réalité. Rien de rien. Ce n'était même pas qu'il ne se sentait pas de lui en parler, mais qu'il n'en avait pas la moindre envie. Parce qu'il sentait déjà venir les longues heures d'abominables souffrances, inutiles qui plus était, s'il lui laissait entrevoir la moindre faille.
Seijuro avait toujours détesté sa perspicacité, et cette manière de voir à travers lui, parfois.

– J'ai connu mieux, lâcha-t-il simplement en daignant finalement embrasser sa joue pâle.

Il lui retira doucement le casque qui pendait autour de son cou, qui avait certainement glissé pendant la nuit, et coupa la musique qui s'échappait toujours des petits amplis. Puis, il remua un peu – pas trop, pour ne pas le déloger non plus ; mais suffisamment pour lui faire comprendre que ses membres commençaient à s'engourdir sérieusement. Il voulait prendre l'air, ne serait-ce que quelques minutes.

Seijuro lâcha un soupir de soulagement lorsqu'il sentit le poids sur ses jambes disparaître. Il s'empressa de se lever pour s'étirer à son tour, sans prendre la peine de paraître élégant – son naturel lui sauvait la mise, de toute manière. Il se dégourdit les jambes un instant, étouffa un bâillement avec sa main.

-Je vais faire du café, tu en veux ?

L'auburn haussa les épaules.

– Non merci.

Il se sentait plutôt d'humeur à économiser sa salive – mieux valait rester silencieux, plutôt que d'être encore désagréable. Voire carrément mauvais. Hayato était suffisamment traumatisable pour qu'il n'ait pas besoin d'en rajouter une couche par-dessus.
Il s'éloigna en se massant la nuque, ouvrit la fenêtre et s'appuya un instant sur le rebord, les yeux fermés. L'air froid du matin lui fit le plus grand bien – il éloigna en un instant le sommeil qui engourdissait encore son esprit. Le soleil sur sa peau le réchauffait quelque peu, mais ne parvenait pas à réfréner les frissons qui le parcouraient.
Seijuro fit le vide dans son esprit.
Ne plus repenser à ce maudit rêve. Un rêve. Une illusion mesquine, destinée à lui faire perdre ses repères une fois de plus.
Le joueur de basket se passa une main sur le visage, avant de refermer la fenêtre et de se diriger vers la cuisine. Il s'installa en soupirant longuement, regarda Hayato continuer de préparer son café en silence. À quoi pensait-il ? À ses cauchemars, encore ? L'orage ? Il pinça les lèvres, tenta de se retenir de poser la question qui lui brûlait les lèvres.

– Tu n'aimes pas l'orage, lança finalement Seijuro sur un ton parfaitement neutre, se levant pour attraper la bouilloire et faire chauffer de l'eau pour le thé.

Pas qu'il espérait pouvoir tirer quoi que ce soit de lui – mais autant tenter. Même sans la moindre discrétion...

– Pourquoi ? reprit-il au bout d'un temps.

Satisfait que son vis a vis n'ait pas répondu a ses paroles, préférant certainement reléguer le sujet au placard – pour le moment – Akashi se leva pour aller jeter son sachet de thé. Il étira un léger sourire en retournant s'asseoir, alors qu'Hayato parvenait seulement a redevenir maître de lui-même. Il lisait dans ses yeux son désir de l'interroger à son tour – mais si lui avait fait de son mieux pour ne pas insister, il n'avait pas intérêt à aller trop loin. Le capitaine de l'équipe de Rakuzan ne faisait jamais de cadeau – c'était toujours du donnant-donnant, avec lui. Mais ses yeux bleus, qui le fixaient sans ciller, ne lui disaient rien qui vaille. Il sentait des heures de casse-tête en perspective.

-Pas vraiment, je n'ai pas envie de rester enfermé mais j'ai pas trop d'idée non plus. Tu comptais faire quelque chose ?

Il haussa les épaules, pensif. Il espérait pouvoir se changer un peu les idées en allant s'entraîner un peu – le ballon orange lui permettrait certainement de se calmer.

– Comme il fait beau, je pensais aller faire un tour sur un terrain de basket. J'ai envie de jouer un peu, lança-t-il en étirant un léger sourire.

Puis il se passa une main sur la nuque et fit la moue. Le regarder jouer, seul qui plus était, ne devait pas être la chose la plus passionnante du monde. C'était bien cinq minutes, mais il ne doutait pas qu'au bout d'un temps, il allait finir par râler. Surtout avec le froid qu'il faisait, ces derniers jours.

– Mais ça presse pas.

Seijuro le fixa un instant, sourit en coin.

– Une envie particulière ?

Tout ça lui rappelait quelques souvenirs, et lui arracha un nouveau sourire amusé. L'hiver. Son anniversaire, la fête de l'an. Pas qu'il estimait la chose importante, mais l'ambiance restait toujours sympathique.
Le plus agaçant, en revanche, c'était ce Noël qu'ils allaient passer ensemble, tous les deux. Akashi n'avait jamais vraiment été doué pour les relations affectives, et tout le bordel. Et, sincèrement. Il était censé organiser la chose comment ? Il allait pas aller faire ses courses de Noël avec lui non plus...
Ou si ? Rien que l'idée le blasait profondément. Mais fallait avouer que l'idée d'un Hayato en costume de père Noël était assez marrante.

Akashi gardait ses yeux dardés sur Hayato, l’observant faire la vaisselle rapidement. Comment faisait-il pour agir comme si rien ne s’était produit un peu plus tôt, sincèrement ? Il avait beau s’interroger – et s’interroger sur la raison de ce malaise de la nuit dernière – il ne parvenait pas à trouver de réponse qui lui convienne. Avait-il été traumatisé dans son enfance, ou quelque chose du genre ? Il ne se voyait pas vraiment lui demander ça comme ça. Peut-être valait-il mieux laisser tomber, tout simplement… Même si c’était dommage.
Seijuro termina sa tasse pendant qu’Hayato continuait à parler, lui exposant son plan de la journée. Il se leva et s’approcha de lui, glissant furtivement ses lèvres sur sa nuque avant qu’il ne s’écarte du lavabo.

-Ca me va, lâcha le basketteur en étirant un sourire satisfait, de meilleure humeur.

Il passa ensuite une de ses mains dans les cheveux clairs pour les recoiffer rapidement à la vue d’un épis, la commissure de ses lèvres légèrement soulevée en une expression clairement amusée. Il lava rapidement sa tasse et l’essuya, le fixant du coin de l’œil.

-Tu veux passer à la douche en premier ?

Il se doutait qu’Hayato aurait besoin d’un petit moment de calme, seul – et à vrai dire, la question n’en était même pas une. Une douche lui ferait du bien, et Akashi aussi avait besoin de calme et de repos. Il n’avait pensé à rien d’étrange, pour une fois, c’était important à noter. (Enfin, de toute manière, ce n’était pas comme s’ils n’avaient pas expérimenté chaque pièce de l’appartement… Quoiqu’ils avaient eu la décence de ne pas se sauter dessus à la cuisine, depuis qu’il habitait là.
Ah, ces gens dépravés, hein.)
Akashi se craqua le dos d’un geste habitué, se dirigea vers le salon pour aller sortir son plateau de shogi, et s’installa en tailleur sur le canapé, l’objet devant lui. Il disposa les pièces d’un air pensif et les fixa longuement, commença à jouer seul.
Bon sang, toute cette histoire le perturbait plus qu’il ne souhaitait l’admettre. Pourquoi avait-il repensé à tout ça ? Ce n’était pas le moment ; pour tout dire, il paraissait invraisemblable que tout ceci continue à le hanter, avec plus de force encore, et ceci depuis plusieurs mois.
Il pinça les lèvres, appuya son menton dans la paume de sa main, pensif.
Il ne savait pas encore comment se sortir de cette situation

Ses yeux parcouraient le plateau de jeu, notant et analysant silencieusement chaque coup possible, et toutes les évolutions qui pourraient en découler. Il semblait immobile, perdu dans ses pensées ; pourtant, celles-ci ne pouvaient être plus ordonnées. Classifiées. Tout avait un sens – rien ne peut rester obscure à Akashi. Il sait tout. Il voit tout.
Et pourtant, il ne comprenait plus rien.
Il ne comprenait plus rien à son comportement, à celui de son aîné. Surtout le sien, à vrai dire. Ces rêves ne devraient plus venir le hanter depuis longtemps. Quelque chose lui échappait et il détestait ça. L'impression de louper quelque chose, qui serait pourtant juste là, sous son nez. Ça ne lui était jamais arrivé – et ça ne devait pas arriver. L'esprit humain ne pouvait décemment pas être plus compliqué qu'un de ces jeux, pas vrai ? Même le sien...
Enfin, à supposer qu'il soit humain.

-Tu pense trop Sei-chan, ce n'est pas bon pour ton cerveau.

Seijuro frissonna en sentant ses doigts froids, encore un peu humides, effleurer ses cheveux. Coupé dans sa réflexion, il leva les yeux vers Hayato – et se renfrogna presque immédiatement à la vue de ce maudit sourire.

-La douche est libre, tu y va tout de suite ?

Il délaissa presque immédiatement son plateau et se leva, déposant au passage un baiser sur sa joue.

– Ouais, je reviens, grommela-t-il pour toute réponse, si bien qu'il ne sût pas si Hayato l'avait entendu ou non.

Il alla chercher ses habits et prit une douche rapide, appréciant l'eau lui déliant peu à peu les muscles. La position de cette nuit n'était vraiment pas des plus agréables – il nota dans un coin de son esprit que si ce genre de crise se reproduisait, ce qu'il ne doutait pas, il le traînerait à sa suite dans le lit pour dormir.
Et surtout, il empêcherait la fébrilité d'Hayato de l'atteindre.
Il sortit et s'essuya, séchant rapidement ses cheveux à l'aide d'une serviette, puis s'habilla. Akashi détestait vraiment toute prise de tête – et cette fois ne dérogeait pas à la règle.
Il retourna dans le salon et se laissa tomber sur le canapé, à la même place que précédemment.

– Tu veux sortir tout de suite ? On pourrait manger dehors ce midi, proposa Seijuro sans pour autant le regarder.

La question était rhétorique ; rester immobile ne l'aidait pas à se calmer, et il avait besoin de s'occuper un tant soi peu.