Tsubaki bailla et se regarda dans le miroir de la salle de bain. La glace lui renvoya l'image du fille aux cheveux roses, couleur très particulière au Japon, une peau blanche, des cheveux retombant doucement sur ses épaules. Elle se frotta un oeil, puis ouvrit l'eau et s'aspergea le visage pour se réveiller. Enfin, façon de parler. Elle avait toujours une tête à avoir l'air dans les nuages. Elle s'essuya le visage et se regarda une nouvelle fois dans le miroir. Aucun changement, sauf qu'elle avait l'esprit plus clair. Ce qui lui permit de fixer son attention sur son pyjama. Un pyjama s'est vite dit. C'était un t-shirt en réalité. Un t-shirt trop grand pour elle qu'il lui arrivait au milieu des cuisses. Ce n'était un t-shirt de son frère. Ceux-là recouvraient carrément les genoux. Quelque de plus petit. Et un peu plus grand qu'elle. La rosette retira le vêtement et regarda l'étiquette. Elle ne fut pas surprise en voyant les initiales S.A dessus. Cela lui rappela qu'elle avait encore quelques vêtements de lui dans son placard. Plusieurs, elle avait songé à les renvoyer par la poste mais elle oubliait.

En entrant sous la douche, elle prit la résolution de le lui rendre. Le passé appartient au passé. Inutile de revenir dessus. Il doit sûrement en penser autant.

La journée de la jeune fille se passa normalement. Avec tous les cours le matin, la pause déjeuner avec Tetsuya et les entraînements au club de tir à l'arc, c'était toujours le même schéma. Pas de changement à l'horizon. Pas une seule turbulence. Ou presque.

68... 69... 70. Postée à 70 mètres de la cible, Tsubaki prit une flèche entre ses doigts, banda l'arc et visa. Le blason était à 70 mètres d'elle. Sans aucun obstacle. Sans aucun vent pour perturber le tir. Elle lâcha la corde. La flèche fusa dans l'air, et vint se ficher sèchement en plein milieu de la cible. Elle recommença les mêmes mouvements, toujours au même rythme. Jusqu'à ce que la cible soit pleine de flèche. Elle s'arrêta là, ramassa tout le matériel et partit se changer. Dans les vestiaires vides, elle revit le sac contenant les affaires d'Akashi et se rappela soudainement de ce qu'elle devait faire. Il était près de 20h30. Il était trop tard maintenant. Elle sortit enfin du lycée et traîna un peu en ville.

Son frère n'était pas à la maison ce soir. Ses parents étaient en voyage d'affaires. Personne ne l'attendait, elle pouvait bien se permettre de flâner un peu. Flâner c'était bien mais en ville, seule et la nuit, ce n'était pas très intelligent. Mais Tsubaki l'était. Et elle savait se défendre contrairement à ce que l'on pourrait croire. C'est ce qui trompe souvent ceux qui l'abordent. Comme cette bande de loubards qui ont un petit poids à la place du cerveau. Mais ils finiront comme les autres. Ils étaient condamnés dès l'instant où ils ont posés leur regards concupiscents sur elle. Une main grande et rèche se posa sur l'épaule de la lycéenne qui se fit entraîner lentement mais sûrement vers une ruelle peu et mal fréquentée. Elle ne proteste pas, ne se débat pas. À quoi bon ? Elle n'allait pas les frapper en public, non plus.

Une petite dizaine de minutes plus tard, Tsubaki récupéra le sac en papier qui était tombé, vérifia que les vêtements étaient encore propres et s'en alla, sans prendre la peine de jeter un coup aux délinquants qui agonisaient derrière elle. Cette petite séance d'aikido improvisé lui avait donné faim. Ses pieds, ou plutôt son ventre, la guidèrent vers un café. Elle boirait bien un jus de fruit. Avec quelques gâteaux aussi avant le dîner. Ce n'était pas raisonnable mais Tsubaki était un véritable trou sans fond lorsqu'il s'agissait de nourriture. Elle poussa donc les portes du café et attendit que quelqu'un vienne l'installer. Un serveur arriva. Il avait des cheveux blancs mais de près il était très jeune. Mais surtout de près, Tsubaki remarqua qu'elle avait deux centimètres de plus que lui. C'était bien la première fois qu'elle était légèrement plus grande qu'un garçon...

Tsubaki se sentit soulagée en voyant le serveur sourire. Des fois qu'il se sente vexer pour leur différence de taille. La rosette était fière de sa taille. La plupart des filles qu'elle connaissait, dont la coach Riko Aida, était plus petite qu'elle. Quelques unes de ses coéquipières étaient plus grandes qu'elle aussi. Mais pour une fille, faire 1m65, c'était déjà pas mal. Les garçons avec de grandes tailles, cela ne la choquait presque plus maintenant. Elle en côtoyait presque tous les jours, en passant pas son frère, son père ainsi que les garçons du club de basket ou de tir à l'arc. Elle ne sentait pas ridicule ni faible à leur côté. Parce qu'elle possédait quelque chose qu'une jeune lycéenne normale n'a pas. Mais elle n'était pas là pour ça. Elle voulait se sentir normal pour une fois. C'était bien pour cela qu'elle s'était arrêtée dans ce café. Pour oublier ce qu'elle était vraiment et être ce qu'elle voulait être.

-Vous êtes toute seule ? Il y a une place à côté de la fenêtre si vous voulez.

Elle regarda la dite place. Oui ça ira, c'était parfait pour elle. Mais avant qu'elle n'est pu faire quoi que ce soit, quelqu'un ouvrit la porte juste derrière elle. La lycéenne ne s'en formalisa pas au début, jusqu'à ce que...

-Tsubaki ?

Cette voix. Elle pourrait le reconnaître entre milles. Elle se retourne et fut presque aussi surprise que le roux de le voir là, dans ce café. Elle qui pensait à lui justement pour lui rendre ses affaires, il tombait vraiment bien.

-Ca fait longtemps, dis-moi, déclara-t-il en souriant. Comment vas-tu ?

Il se retourne vers le serveur qui l'avait accueilli quelques temps plutôt.

-J'ai un peu d'avance.

Tiens ? Ils connaissaient ? La rosette regarda Akashi puis le serveur. Son regard pourpre tomba sur son badge accroché au niveau du coeur. Hayato Shiroi. Ils avaient le même ? Mais s'ils avaient le même âge, Hayato ne devrait pas travailler. Alors, non, ils ont pas le même âge. Le serveur serait plus vieux que Akashi ? Elle fixa longuement le blandin. Il semblerait que lui. Mais très vite, les méninges de Tsubaki la yaoiste se mirent en route. Le roux venait le chercher après son service, c'est sûr. Et puis ils iront... Tsubaki se donna des claques mentalement. C'était vraiment pas le moment de délirer.

-Oui, ça faisait longtemps Seijuro. Je vais bien, répond-elle doucement. Tu m'as l'air en forme.

L'adolescente le détailla un peu plus. Son oeil doré qui était apparu en dernière année de collège brillait du même éclat. Mais il y avait quelque chose de différent. Très différent ce qu'elle avait pu voir une nuit. Mais ça, ça restait dans le domaine privée. Maintenant qu'elle y pensait, qu'est-ce qu'elle allait faire maintenant ? Si Akashi était bien avec Hayato, elle ne pourrait pas demander une table pour deux. Le uk- erm, le blandin se poserait des questions. Il doit sûrement déjà se poser des questions que son petit- enfin, son ami connaisse une jeune fille. Elle plongea son regard dans les yeux vairons d'Akashi, espérant qu'il comprenne qu'il devait faire quelque chose.

-J'ai un peu d'avance.
-J'ai presque terminé. Tu n'as qu'à m'attendre avec Mademoiselle le temps que je finisse.

Tsubaki pouvait sentir une pointe d'agacement dans sa phrase. Ainsi que de la jalousie. Peut-être sur son visage, ça ne se voyait pas mais Tsubaki le sentait. Si on la considérait comme le génie de la famille, c'était bien parce qu'elle était la seule personne capable de sentir les émotions d'une personne. En fait, de n'importe qui. Et ce sur un rayon de 10 mètres. Contrairement à son frère et à son père qui eux, reconnaissaient les personnes par leur présence physique, la rosette les voyait autrement. La colère, l'ennui, la jalousie, la gaieté... Tout cela, elle le sentait. C'est flou et clair, terne et coloré. Quelque chose de très compliqué qu'elle ne pourrait jamais expliqué. Avec le temps, elle s'était amusée à observer les alentours avec cet instinct particulier. Et inconsciemment, elle l'avait affiné. Elle avait même réussi à savoir comment isoler les auras, une par une. C'était pour ça que Tsubaki avait l'air tellement dans la lune. Mais elle n'était pas là pour penser à ça.

Hayato toussote pour attirer leur attention.

-Je voudrais pas vous interrompre mais si je peux prendre votre commande... Comme ça ce sera fait.

Elle remarque le sourire amusé, surtout satisfait, d'Akashi et l'air gêné du serveur. Le roux avait quelque chose en tête, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure.

-Sei-chan, tu prendras quelque chose tant que j'y suis ?
– Hm, juste un jus d'orange pour ma part.

Sei-chan.. ? Elle qui avait pris l'habitude de l'appelé soit Seijuro ou Sei-kun, entendre Sei-chan était... drôle. Ou plutôt mignon. Elle n'y avait pas pensé. Enfin, elle réservait habituellement le suffixe -chan pour les personnes mignonnes comme Aki-chan. Mais Akashi était loin d'être mignon. Bien au contraire. S'il avait le suffixe -kun c'est bien parce que c'était un homme. Un vrai. D'ailleurs, il lui désigna une table libre près des fenêtres d'un signe de tête.

-Tu viens ?

Elle le suivit sans protester et s'installa en face de lui. Un serveur lui tendit une carte et s'éloigna vivement pour s'occuper d'autre clients. La lycéenne jeta un coup d'oeil au menu. C'était assez varié mais elle avait envie de gâteaux ce soir. Bon, en réalité, elle avait souvent envie de gâteau.

-Alors, comment ça se passe, à... Seirin, je crois bien ? Demanda Seijuro.

Tsubaki leva un instant le nez dela carte, le fixa avec son air endormi puis tourna la tête vers les fenêtres. Pile à ce moment-là, les loubards qu'elle avait écrasé passant devant le café sans la remarquer, elle n'y prêta pas plus attention et retourna dans son menu.

-Les gens à Seirin sont plutôt gentils, répondit finalement la rosette.

Le muffin double chocolat l'appelait. Mais la tartellette aux fraises aussi semblait délicieuse.

-Les cours à Rakuzan ne t'ennuient pas trop ? L'interrogea-t-elle, le nez toujours dans la carte.

Hayato revint finalement avec le verre de jus de fruit d'Akashi et sortit son calepin et un crayon pour prendre sa commande. Elle ne s'était pas décidée d'ailleurs. Peut-être fallait-il prendre les deux ? Personne n'allait la juger pour ça. Elle ne faisait pas partie de ses filles qui faisaient attention à leur ligne et à ce qu'elles mangeaient. Son métabolisme lui permettait de manger n'importe quoi sans prendre de poids. Le pied, quoi.

-Oh, les cours sont un peu ennuyeux, c'est vrai. Mais j'ai une sympathique distraction entre deux heures... N'est-ce pas, Haya-chan~ ?

Une distraction ? L'esprit yaoiste se réveilla bien vite mais Tsubaki reprit le contrôle et tenta de ne pas s'imaginer des choses qu'elle ne devait pas à son âge. Bon, elle était habituée depuis que son frère était sortie du placard. Elle en avait même la preuve sur son ordi ou sa bibliothèque. Mais personne ne se douterait que son ce visage inexpressif ce cache une mordu des shonen-ai et de yaoi.

-Tu as choisi ? Au fait du coup je me suis pas vraiment présenté. Hayato Shiroi, en troisième année à Rakuzan, et donc Tsubaki c'est ça ? Ravi de te rencontrer.

Ca se voyait comme le nez au milieu de la figure qu'il n'était pas du tout ravi. Mais elle n'y était pour rien si elle revoyait son ex aujourd'hui et dans le restaurant où travaillait son petit-copain. Petit-ami était peut-être mot assez fort. Le connaissant, son senpai n'est peut-être qu'une distraction mais peut-être aussi le contraire. Elle est bien l'exception à la règle, non ? Elle ouvrit la bouche pour se présenter mais Seijuro la prit de court :

-Tsubaki Kumako, c'est ça. On est sortis ensemble au collège.

Elle pouvait très bien le faire seule, se présenter. Pourquoi fallait-il prenne les devants même pour un truc aussi simple ? Et pourquoi lui avait-il dit qu'ils avaient été ensemble ? Heureusement qu'il n'a pas dit combien de temps... Elle sentait que Hayato était prêt à... Non... Quel sadique, comme toujours, cet Akashi. Il l'utilisait pour emmerder le pauvre serveur. Pour le faire enrager. Il n'avait vraiment pas changer depuis. Tsubaki n'était pas du genre à tomber dans ses petites combines. Mais pour une fois, oui juste une fois. Ca pourrait être amusant de s'associer avec lui.

-Tsu-chan, tu as pu choisir ? l'interrogea-t-il gentiment, un peu curieux.

Ah oui, sa commande. Elle aurait presque oublié. La rosette regarda une dernière fois la carte et se tourna vers Hayato :

-J'aimerais une tartelette aux fraises, un muffin double chocolat et... un Earl Grey.

Elle ferma finalement la carte, le lui tendit et fixa Akashi. Elle aurait presque oublié le sac en papier à ses pieds. Elle s'en saisit et le posa sur la table, poussant vers le rouquin.

-Ce sont tes affaires que tu as oublié à la maison. J'ai encore un t-shirt aussi, expliqua-t-elle en plongeant son regard dans le sien.

Tsubaki, sadique ? Nooon. Juste trop honnête. Mais peut-être que passer du temps avec l'ancien capitaine de Teiko l'avait un peu, mais un tout petit peu influencé.

Jusqu'à quel point Hayato aimait-il Akashi ? Il faisait bien une crise de jalousie parce qu'il discutait avec son ex, non ? C'était vraiment mignon mais quand même. Et Seijuro qui prenait son pied à l'emmerder. Vraiment, il n'avait pas changé. Elle ne fut pas réellement surprise de sa réponse lorsqu'elle lui rendit le sac en papier avec ses affaires. Quelques minutes plus tard, Hayato revint avec le muffin, la tarte et le thé. Elle le remercia d'un léger sourire et commença à manger le tout. Elle était tellement sur un petit nuage qu'elle n'entendit pas la phrase du serveur. Elle n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit lorsqu'il se leva de table. La rosette le suivit du regard. Il allait vers les vestiaires. Pourquoi les vestiaires ?

Maintenant qu'elle y pensait, Hayato n'avait-il pas dit qu'il allait se changer ? Si ça se trouve il allait rejoindre le blandin pour... pour... le consoler ? Consoler, Seijuro ? Faut pas trop rêver non plus. Non, il va sûrement pour l'embêter encore plus. Comme toujours. Et s'il faisait plus que l'embêter ? Et s'il faisait ce que faisait les garçons dans ses mangas yaoi ? Les méninges de Tsubaki se remirent aussitôt en marche. Des images pas très catholiques fusèrent dans sa tête. Hayato était plus petit qu'elle donc, c'était lui le uke. Akashi était le dominant. Alors, ça veut dire... Kumako se donna des gifles mentalement pour se raisonner. Ce n'était vraiment pas le moment de penser à ce genre de chose. Elle se reconcentra sur ses gâteaux, mais ses yeux étaient sans cesse attirer par la porte des vestiaires. Ça commençait à bien faire.

Mais alors qu'elle se battait contre son esprit de yaoiste, la table vibra faiblement. Ce fut ce moment-là qu'elle aperçut le portable d'Akashi. C'était un appel. De son père en plus. Elle avait eu l'occasion de la croiser mais très rarement. Elle se demandait s'il se souvenait d'elle. Au nouveau, ses yeux se fixèrent vers les vestiaires. Akashi était occupé. Elle pourrait répondre mais que donnerait-elle comme explication au près de Seijuro. « Votre fils est occupé à peloter un garçon, mais je peux toujours le prévenir que vous avez essayer de le joindre. » Mauvaise idée. Autant le lui apporter directement.

Elle se saisit de l'objet, se leva et regarda le barman. Elle n'eut pas à ouvrir la bouche qu'il la laissa passer, parce que le barman, l'air de rien, était un peu lolicon sur les bords. Elle suivit donc le couloir, frappa à la porte. Personne ne répondit. Ils étaient occupés. Évidemment qu'ils étaient occupés, ils sont seuls dans les vestiaires. Le portable vibrait toujours dans sa main. Si elle s'éternise, c'est Seijuro qui se fera taper sur les doigts. Tant pis. Tant pis s'ils les dérangent. Mais dans le fond, elle avait bien de voir ce que ça donnait, un Akashi gay...

Et elle ne fut pas déçue en ouvrant la porte. Son ex petit-ami était entrain d'enlacer Hayato qui était torse nu et il lui mordillait le coup. Tsubaki du se contrôler pour ne pas dégainer son portable et en prendre une photo. Après quelques longues secondes de silence, la rosette s'approcha d'eux, sans rien dire, et lui montra le portable qui vivrait et le cadran qui affichait le nom de son père.

-C'est ton père. Tu ferais mieux de répondre, tu sais comment il est, lâcha simplement la jeune fille.

Elle se retourna pour sortir, mais juste avant de fermer la porte, elle s'arrêta et se tourna vers le serveur.

-Shiroi-san. Seijuro n'est pas du genre à vivre avec des regrets. Shiroi-san n'a donc pas à s'inquiéter à mon sujet, déclara Tsubaki. Excusez-moi du dérangement.

Et sur ses mots, elle referma la porte. Des fois qu'il croirait qu'elle était entré juste pour les empêcher des bêtises...

Tsubaki reprit sa place en face de ses pâtisseries et commença par manger la tarte au fraise. Dès la première bouchée, elle fut comblée. Ses yeux pourpres brillaient se satisfaction. Tous ceux qui étaient sucrés avaient le don de mettre la rosette sur un petit nuage. Venant en deuxième position : le yaoi. D'ailleurs, comment une fille ayant autant l'air à côté de la plaque pouvait s'intéresser aux relations homosexuelles de deux hommes ? Et surtout d'où lui venait cette étrange fascination ? L'inquisiteur de ce fanatisme n'est autre son grand, merveilleux et très viril frère, Takumi.

Il s'avérait être gay. Et pourtant il n'avait rien du bîshonen que l'on voyait souvent dans les mangas. Pour ceux et celles qui se poseraient la question, Takumi était le type même du gay ultra-sexy à faire bander n'importe qui. Donc, vous l'aurez compris, il n'est pas uke mais plus seme. Et avec son caractère très brusque ( pour ne pas dire violent, parce qu'il n'y a qu'avec sa soeur qu'il est gentil ), impossible de l'imaginer en dominé plutôt qu'en dominant.

Bref, tout ça pour dire que son goût immodéré pour les relations sexy entre mecs était entièrement de la faute de son frère. La première fois qu'elle avait vu embrasser une personne du même sexe que lui ( entre autre un garçon un peu plus vieux que lui ), elle avait 7 ans. En grandissant, sa fascination aussi avait pris des proportions énormes si bien qu'elle avait lu son premier manga yaoi à 11 ans et qu'elle tombait par pur hasard sur les pornos gays de son grand fr-re. Très vite, elle commençait à s'imaginer pas mal de choses. Au collège, elle s'était imaginé que Kise était avec Aomine, ou encore Akashi avec Nijimura, l'ancien capitaine de l'équipe de basket du collège Teiko. Mais ses fantasmes avaient soudainement pris fin alors que Nijimura quitta le collège (étant leur aîné) et qu'elle avait commencé à sortir avec Akashi ( le pourquoi du comment était encore un peu flou ).

D'ailleurs, cela faisait un moment qu'elle n'avait pas parlé avec son aîné. Cette pensée lui traversa l'esprit alors qu'Akashi revenait des vestiaires pour s'asseoir comme si de rien n'était à sa place initiale, en face d'elle.

-C'était un peu long, s'excusa-t-il en buvant une gorgée de son jus de fruit.

La lycéenne le fixa longuement, tout en finissant sa tarte. Elle posa doucement sa fourchette sur le côté et prit le muffin dans ses mains. Un peu long ? Évidemment que c'était un peu long. Tsubaki du se retenir un maximum pour ne pas essayer de s'imaginer des choses – ce qu'ils faisaient pendant ce temps qui était long justement - mais c'était peine perdu. Mais peut-être qu'ils étaient assez sages et s'étaient retenus compte tenus des lieux. Quoi que... Le rouquin n'était pas si sage que cela pour faire un truc pareil dans un gymnase où n'importe qui pouvait entrer sans que l'on s'en rende compte. Et elle parlait en connaissance de cause. Ils avaient chanceux et n'avaient été jamais surpris la main dans le sac.

-Sei-kun, tu ne devrais pas autant torturer Shiroi-san, déclara-t-elle avant de mordre dans son muffin au chocolat.

Elle se tut, en voyant Hayato arriver, et grignota doucement son gâteau.

– Tu sais bien que ce n'est pas mon genre.

Oui, évidement que ce n'était pas son genre. Non, pas du tout. Seijuro se payait vraiment de sa tête. Évidemment qu'il adorait. Surtout si y'avait quelque chose à gagner à la fin. Il le faisait souvent avec elle. Tsubaki étant de nature stoïque, s'amusait sans cesse à la torturer... physiquement, jusqu'à ce qu'elle vienne lui réclamer ce qu'il faut pour la calmer. Bref, une vraie torture quand elle y repensait.

-Dis-moi Kumako-chan, toi aussi tu fais du basket ?

Durant une infime fraction de seconde, la rosette avait arrêté sa main qui tenait son muffin prêt à être englouti lorsqu'il lui posa la question. Mais personne n'avait vraiment remarqué. Elle avait continué de manger sans vraiment répondre au début. Est-ce qu'il savait ? Est-ce qu'il le faisait exprès ? Seijuro le lui avait raconté ? Si ça se trouve, il n'avait même pas songé à parler d'elle à Hayato. Pourquoi il le ferait alors ? Il était clair qu'il ne savait pas. Il posait cette question par rapport à Akashi qui lui pratiquait le basket ? Sans plus.

-Tu es bien curieux, dis-moi, Haya-chan ?

Tsubaki jeta un coup à Akashi. Elle crut voir qu'il tentait de réprimer une grimace. Pourquoi est-ce qu'il la défendrait alors que ça ne le regardait plus du tout ? Ça faisait beaucoup trop de question en une soirée. Tsubaki se rendit compte qu'elle venait de finir son muffin. Du bout des doigts, elle retira les quelques miettes sur le coin de ses lèvres et prit sa tasse de thé. À ce moment-là, une fine pluie apparut à l'extérieur. La lycéenne regarda par la fenêtre. Les gens s'agitèrent et accélèrent le pas pour se mettre à l'abri ou certains plus prévoyants, ouvrirent leurs parapluies et continuèrent leurs routes. Heureusement qu'elle avait pensé au sien.

Le clapotis de l'eau lui rappela bizarrement le jour où elle avait réellement rencontré Seijuro. C'était quelques jours après avoir appris qu'elle ne ferait plus de basket. Elle avait erré sans but dans les rues de la ville. Elle avait même cessé d'aller en cours. C'était la fin de l'année, personne ne lui en voudrait réellement. Elle avait revu Tetsuya sans lui avoir donner de nouvelles. Après l'avoir fui, elle était tombée par hasard sur Akashi. Peut-être que s'il n'avait pas été là, ce jour de pluie, elle aurait déprimé à l'heure qu'il est. Les choses s'étaient noircis. Il n'y avait plus de couleur, plus d'odeur, plus de lumière. Chacun de ses rêves, elle était enveloppée d'une obscurité silencieuse. Elle n'arrivait pas à discerner le bas, du haut, du devant de l'arrière. Juste un immense néant. Mais petit à petit, une toute petite lumière rouge scintillait tout au fond de ses ténèbres avant de prendre de plus en plus d'ampleur. Avant même qu'elle ne s'en rende compte, Tsubaki s'était saisi d'une rose rouge dont les épines s'étaient enfoncés dans sa peau. C'était légèrement douloureux.

Mais la douleur lui montrait bien qu'elle était vivante.

Elle revint finalement à la réalité et prit une gorgée de son thé. Kumako aperçut, non elle en était presque sûr en fait, une étincelle de malice s'allumer dans ses yeux vairons. Elle jeta un regard discret vers Shiroi à ses côtés et le plaint de suite. Ce n'était pas très amusant pour soi-même lorsqu'il était dans cet état. Elle termina son breuvage et se leva.

-Je vais payer l'addition, déclara-t-elle simplement.

Elle quitta la table, la question d'Hayato lui étant complètement sorti de la tête et se dirigea vers le bar pour payer sa consommation. Le gérant lui rendit la monnaie. Monnaie qui glissa entre ses mains par mégarde et roula un peu plus loin. Lorsqu'elle se pencha pour le ramasser, elle comprit enfin pourquoi Akashi affichait un air si amusé. Il faisait du pied à Hayato ! Il allait forcément se délecter de ses réactions. Un vrai sadique. Lorsque la rosette se releva, elle sentit un léger courant d'air frais sur ses fesses. Elle tourna la tête et vit – avec horreur ou pas – qu'un garçon, un lycéen semble-t-il avait profité qu'elle soit baissé pour relever la jupe de son uniforme. Ses potes avec lui ricannaient.

-Une petite culotte avec des ours ! T'es au lycée, non ? Tu pourrais porter quelque chose de plus- Waouh !

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'il se fit soulevé par le bras et mit debout, au beau milieu du café. Tous les yeux étaient braqués sur ce jeune délinquant et cette jeune fille à l'air endormi.

-Quoi, tu veux t'amuser avec nous ? Je dirais pas non, t'es plutôt mignonne dans ton genre, ajouta-t-il en esquissant un sourire carnassier.

Un long silence s'ensuivit, alors que Tsubaki ne disait rien à sa remarque. Elle se contentait juste de le regarder. Elle lui tourna le dos mais il la retint par l'épaule. Un geste qui lui coûtera très cher. À peine eut-il le temps d'ouvrir la bouche que la rosette fit volte-face et lui donna un coup de pied retombant au beau milieu du crâne. Le lycéen s'écroula directement au sol, complètement inerte. Elle ne l'avait pas tué, juste assommé. La demoiselle replia sa jambe et la ramena au sol et sans un regard à son adversaire, retourna à sa place comme si de rien n'était.

Comme on dit, il faut se méfier de l'eau qui dort...