Elle se trouvait là, tel un fantôme errant qui n’aurait aucune raison de se tenir ici, sur l’un des sièges du gymnase. Mais c’était plus fort qu’elle, définitivement. Akemi, trop curieuse, n’avait pas pu résister à venir visiter le gymnase de sa nouvelle école, encore admirative de tout e qu’elle découvrait jour après jour ici-bas. C’était comme une seconde naissance, un nouveau souffle. Si on lui avait dit auparavant que la vie avait si bon goût, alors elle se serait démenée pour sortir de l’hôpital bien avant. Mais l’on ne refait guère le monde avec des « si », même si cela parait exagérément tentant.

Sortant son respirateur, l’adolescente inspira une dose du produit contenu à l’intérieur du flacon et le rangeât immédiatement après sans sa poche. Ça l’agaçait, de devoir se plier à ce traitement, mais elle n’avait pas le choix ; c’était soit ça et ses contraintes, soit le retour forcé en hôpital sans plus aucune chance de pouvoir espérer vivre comme quelqu’un de normal. Et la captivité, jamais plus elle ne voulait la ressentir, pas alors qu’elle s’imprégnait de nouvelles sensations qui lui donnait l’impression d’être invincible par moment. C’aurait été trop injuste et aurait gâché son plaisir bien avant la finalité de sa volonté.
Et puis… Elle commençait tout juste à s’ouvrir aux sentiments tous plus étranges les uns que les autres qui pullulaient ici, grâce aux nombreuses âmes s’y trouvant. C’était si agréable qu’elle avait l‘impression d’être en plein rêve. Pour certain, aller en cours est une véritable torture, mais pour l’Aoki, c’était une libération ! Chacun des cours suivis se voyait gratifié d’un beau sourire de sa part, qui se trouvait être la seule chose qu’elle était capable d’offrir désormais. Mais elle promettait de s’améliorer et de pouvoir fournir davantage dans un futur plus ou moins proche.

Elle s’étira puis plongea sa main fine dans son sac de cours, en sortant un roman français, qu’elle se mit à dévorer, comme à l’accoutumée. La voilà repartie dans un monde de mystère et de féérie, de joie et d’épopées lyriques, dans un univers qui la menait bien loin de sa ô combien trop fragile existence. Vraiment, Akemi adorait la vie. Quel dommage que ce ne soit guère réciproque, apparemment.