Vie de merde. Je veux partir, disparaître, que personne ne me retrouve. Je veux voler et retrouver ce que j’ai perdu. Perdre quelque chose qui nous est cher est une douleur insupportable, incompréhensible. J’ai mal. Ma vie n’est que désolation. J’ai perdu tout espoir de réparer cette chose qui c’est cassée en moi. Disparu, il est partit sans me dire au revoir. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi il faut que ça m’arrive ! « MEEERDE ! » Poings en sang, larmes coulant le long de mes joues, je voulais hurler, crier, évacuer ma douleur. Eraflures, bleus et blessures saignaient mon visage. J’étais seul, seul dans ma détresse. Que pouvais-je demander ? Personne ne me faisait confiance, je ne faisais confiance à personne. Tout ce que je sais faire c’est me battre et pleurer de désespoir sur un banc ou dans un coin reculé du lycée. On passe devant moi, on sait que je me suis battu, que j’ai gagné, mais ils se demandent pourquoi je pleure. Des larmes perlant mes joues, tombant sur mon torse et finissant par sécher. Mes mains étaient à vif, et je serrais si fort mon poing que je me faisais encore plus de mal. La tête contre le mur, assis par terre, je regardais le ciel. Toujours cette même question, pourquoi m’as-tu abandonné ? Je lui reprochais de m’avoir fait devenir comme ça. A cause de lui, j’avais tous le temps de problèmes, et personne avec qui parler vraiment. C’est vrai j’avais des amis, mais l’étaient-ils vraiment ? Les nuages défilaient à travers le ciel azuré, le temps passait, je ne pleurais, mais ma colère ne disparaissait jamais, jamais elle disparaîtra, pas avant que quelqu’un ne me tende la main, et que je ne la saisisse. Je continuerai d’évacuer la douleur de la mort de mon père sur les autres, jusqu’à ce que quelqu’un me sorte de là. Au fond de moi je ne lui en voulais pas, ce n’était pas sa faute s’il était partit sans rien dire, mais il m’avait laissé, il nous avait laissé, maman et moi. Alors fermant les yeux, je me disais que je lui mettrai une bonne raclé une fois là-haut. Je souriais.

Et là encore une fois, je ne sais pas quel miracle et par quelle faute j’avais encore commise, je me retrouvais dans le bureau du proviseur tête de pioche. Il parlait, il parlait, il disait toujours la même chose. Il n’appelait même plus Maman, non, il avait perdu espoir. Au début il l’appelait tous les jours, il voulait même me mettre dans une institution de tarés du cerveau. Ma mère n’était pas d’accord, ni moi d’ailleurs, mais elle savait que j’étais sain d’esprit, et elle aussi, elle attendait que quelqu’un me tende la main. Malheureusement, plus le temps passait, plus la blessure était profonde, plus elle me faisait souffrir. Je retournais en cours après chaque entrevue dans le bureau de TDP et je ne faisais rien de bien particulier, à par dormir, ça va d’soit. Je ne comprenais rien à tous ces blablations… et dire que j’étais soi-disant un bon élève avant. Mais avant, quand ? Avant la mort de papa ? Cela m’avait infecté autant que ça ? Il fallait le croire, car moi-même je ne le savais pas. J’ai 17 ans. Il nous a quittés lorsque j’avais 14 ans. Quand on se dit que ça ne fait que 3 ans, ça ne fait pas si longtemps. J’étais au collège encore, je jouais tous les soirs avec lui au terrain de basket au coin de la rue voisine. Je ne faisais que ça avec lui, mes devoirs, je les faisais le matin. Tout se passait si bien à l’époque. Je jouais au basket, j’étais bon partout, jusqu’au jour où ma lumière, mon soleil, mon rire a disparu dans un accident de moto. J’étais brisé. Je ne savais pas comment réparer cette blessure, je ne cherchais plus à trouver un remède. J’étais noyé, et au fond de moi, il n’y avait rien pour me repêcher. En regardant bien, le seul moment où j’oubliais tous mes soucis, mes pleurs et mes craintes, était les entrainements et les matchs de baskets avec mon équipe, Kaijou. Je suais, j’oubliais, je me donnais à fond pour m’améliorer et faire en sorte de faire gagner mon équipe, quel qu’en soit le prix, jusqu’au jour où une main se tendra vers moi.

J’ai peut-être eu quelques problèmes familiaux, ce qui m’a valu cette façon d’être. Je frappe, je ne réfléchis qu’au basket, sinon je ne suis qu’un bon à rien. Ma capacité intellectuelle ne fonctionne que dans ce sport. Je suis peut-être faible d’esprit, ou je que je ne veux pas réfléchir, mais je ne suis pas aussi faible physiquement. Je suis doté d’une lassitude en cours époustouflante que je me demande comment j’arrive à avoir la moyenne, mais je suppose que le sport me rattrape un peu. Du haut de mes 1m92, le basket me convient très bien. Ce sport reste et restera mon préféré. J’occupe d’ailleurs le poste d’arrière étant rapide et bon dribbleur ainsi que tireur hors zone. Au fil des années j’ai appris une capacité qui m’est unique. Comme chacun d’entre nous, j’ai quelque chose que les autres n’ont pas. J’ai acquis le fait de tirer en arrière lors d’un dribble, que ça soit une passe ou un panier. Je me repaire par rapport au panier adverse qui est en face de moi. Sinon, je ne saurais comment l’expliquer autrement. Agilité, dunker, ou tirer de n’importe ne sont pas mes capacités, voilà tout. Je ne suis pas une montagne de muscles, ça c’est un fait, mais je reste quelqu’un de respectable, sinon, je ne me battrai à tout bout de champ. Sinon, ben, j’ai des cheveux mi-longs, noirs et également les yeux rougeoyant à la lumière. Je suis la plupart du temps en survêtement, les écouteurs aux oreilles avant qu’on vienne me chercher et que je ne me batte. Je n’ose même pas dire dans quel état je suis après m’être battu. Je trouve que c’est un miracle lorsque je reste calme une journée entière.