► Qui suis-je ?
Takeru a toujours été une personne très imaginative. Depuis sa plus tendre enfance, il se perd dans ses pensées un peu trop souvent pour son propre bien et finit toujours par atterrir assez brutalement dans la réalité de ce pauvre monde voué à la destruction. Autant le dire tout de suite : le sport et lui, ça faisait deux. Il préférait largement s'abandonner au dessin, et se promenait d'ailleurs essentiellement avec son carnet à croquis sous le bras, et dont les pages se remplissaient chaque jour un peu plus.
Il aimait observer les autres de ses grands yeux verts, analyser leur comportement au travers de leurs tics. Néanmoins, il ne supportait pas que quiconque pose son regard sur lui, et préfère se faire oublier. Mais de deux choses l'une : ce n'était pas parce qu'il était si calme qu'il ne répliquait jamais lorsqu'on le cherchait. Aussi, il avait développé un cynisme et un répondant assez surprenant qui contrastait énormément avec l'image faiblarde qu'il donnait de lui. Sa maladresse maladive est probablement aussi à l'origine de ce sentiment, tout comme elle était la cause de nombreuses situations carrément merdiques dans lesquelles il se retrouvait plongé sans arrêt. Autrement, il était assez pessimiste, et voyait souvent le mal partout ; la faute aux trop nombreuses querelles dans lesquelles il s'était retrouvé pour ne pas avoir su retenir un minimum ses propos.
Il restait néanmoins très naïf et candide – pour ne pas dire parfois un peu idiot –, était très silencieux, et ne souriait que très rarement. Il lui arrivait évidemment de sourire ou de rire, hein, mais, comment dire... Le froncement de sourcil est ce que son visage arrivait à produire de mieux, en réalité.
En bref, Takeru était absolument banal.

►Mon histoire...
Takeru naquit un jour sombre de février. Les éléments se déchaînaient sur le Japon, créant orages et torrents de pluie. Sa mère était seule – son mari l'avait abandonnée en apprenant sa grossesse. Il vécut alors une enfance modeste, dans une petite baraque située dans un quartier malsain de Tokyo. Puis, sa mère se maria ; mais sa condition sociale n'évolua pas réellement. L'homme dont elle s'était éprise n'était qu'un ivrogne violent dont le seul passe-temps était de se saouler du matin jusqu'au soir, tout en profitant de la femme et du peu d'argent qu'elle gagnait. Sa mère fut enceinte deux autres fois, et donna naissance à trois filles, de 4 et 6 ans ses cadettes. Elles n'étaient par ailleurs pas très proches de lui, et en venait même, parfois, à le détester – allez donc savoir pourquoi...
Il grandit, sous les coups, et la pression que l'homme lui faisait subir. Parfois, trop perdu, et surtout trop heurté par toute cette violence, il restait silencieux pendant plusieurs jours à la suite, inquiétant assez fortement ses professeurs. Son talent pour les arts s'accrût dans le même temps ; et son mutisme avec. Il entra au collège, puis, au lycée, il se décida à passer le concours d'entrée pour Yosen High, à Kyoto, abandonnant ainsi sa petite famille à son propre sort. Afin de payer son loyer et ses dépenses quotidiennes, il travaillait à mi-temps dans un bar qui payait plutôt bien, et en profitait d'ailleurs pour essayer de se sociabiliser un peu – parce qu'il n'était définitivement pas très très loquace, jusque-là, le p'tit Taketan – et « élargir ses horizons », comme on dit... Il profitait tout de même de ses rares jours de repos pour rendre visite à sa mère, à Tokyo, où elle travaillait et vivait encore.
Takeru entra donc à Yosen, ainsi que dans le club d'Arts Plastiques de l'établissement. Et, à présent, il était en seconde année au lycée.
Que dire de plus ?