La porte d’un appartement se claqua avec violence et la personne responsable de ce bruit affreux resta sur le palier pendant quelques secondes le regard rivé au sol. C’était la première fois que Haku Turner se disputait avec sa meilleure amie et protégée, Hikari Kimura, depuis qu’ils s’étaient rencontrés environ un an plus tôt. Il était donc un peu sous le coup. Sans savoir ce qu’il ressentait vraiment et contre qui ses sentiments se dirigeaient. Colère, déception, frustration, inquiétude, terreur, tout ça se mélangeait dans sa tête et le perturbait plus que sa fierté voulait admettre. Tout avait commencé quand Hikari lui avait reproché d’être trop protecteur avec elle. Il n’y pouvait rien si elle était l’unique personne dont il s’inquiétait ! Elle devrait se sentir flattée de ce privilège. Mais non. Ah les femmes... Mais peut-être avait-elle raison après-tout. Il ne savait plus où il en était et cela lui était insupportable. Il ne pouvait pas ne pas savoir où il en était. Pas lui. Sa fierté l’en empêchait. Et pourtant... Il était bel et bien perdu.

Il se redressa pour partir les mains dans les poches accélérant quelque peu pour ne pas se faire rattraper par son amie. Il ne voulait pas la voir pour le moment. Il valait mieux attendre de mettre les choses au clair dans sa tête pour éviter de lui crier dessus à nouveau. En fait sa plus grande peur était qu’elle disparaisse de sa vie. Il ne voulait pas perdre sa seule amie. Un grognement sortit de sa bouche il était vraiment pas d’humeur. Heureusement qu’il n’avait pas cours aujourd’hui, il détestait étudier et n’avait aucune envie de jouer les hypocrites avec ses professeurs comme il le faisait d’habitude. Ni de se prendre la tête avec eux. Donc heureusement qu’il se rendait à son entraînement de basket. Ce sport était une des seules choses capables de le calmer quand il était sur les nerfs. Avec une bonne bagarre, mais étrangement tous les adversaires potentiels des environs fuyaient quand il approchait ces temps et il était trop flemmard pour aller en chercher plus loin. Du moins aujourd’hui. Après tout il ne tenait pas vingt-quatre heures sans un minimum d’affrontement. Et de sang... Mais ça c’est une autre histoire.

Il lui fallut une bonne vingtaine de minutes pour arriver au lycée de Rakuzan et une bonne minute pour se rendre au gymnase. Car pas vraiment motivé à cause de son humeur ses pas se firent lents comme pas possible. Après s’être changé tout aussi lentement au vestiaire, il était déjà en retard alors quelques minutes de plus n’allaient rien changer, il s’approcha de ses coéquipiers rassemblés autour du capitaine. Tous les regards se tournèrent vers lui, mais il les ignora tous sauf un. Il soutint celui de son capitaine une des rares personnes qu’il respectait et ne s’excusa pas. Faire des excuses en public ce n’était vraiment pas son genre. Mais Akashi le connaissait bien et devait sans doute comprendre pourquoi son protégé se taisait. Haku sentait les regards réprobateurs de ses camarades posés sur lui et leur lança un regard noir qui détourna rapidement les yeux des basketteurs. Même si en général il les appréciait eux l’ignoraient et il n’avait donc pas forcément une bonne réputation dans l’équipe avec son caractère de mauvais garçon. Le fait qu’il soit un peu le protégé et le chouchou du capitaine n’arrangeait rien. Mais ça Haku s’en fichait pas mal. Il respectait Akashi pour ses capacités de jeu, de meneur et de capitaine, cela s’arrêtait là. Il s’assit à l’écart des autres et ignora les consignes du coach la tête ailleurs. Chose inhabituelle quand il s’agissait de l’entraînement. En cours il était par contre toujours dissipé. Pas sa faute si ces choses-là étaient assommantes. La théorie barbante du coach servait à quelque chose au moins. Mais aujourd’hui Hikari et leurs problèmes ne sortaient pas de sa tête l’empêchant de se concentrer vraiment. Une étrange impression s’empara soudain de lui, comme si on l’observait fixement, il frissonna, mais n’arriva pas à localiser l’origine de son malaise. Les joueurs se levèrent ensuite pour participer au premier match d’entraînement et il s’approcha du terrain toujours mollement sans même daigner retirer les mains de ses poches. Il adressa quand même un sourire narquois à un de ses adversaires qui énerva un peu ce dernier. Vous me direz c’est le but en même temps. Puis le coup de sifflet retentit.

La balle retomba par terre et Haku porta la main à sa bouche pour refréner un baîllement. Encore un panier marqué par lui. Malgré son manque de motivation il jouait mieux que la plupart des joueurs. En même il était le seul titulaire de son équipe d’entraînement. Une sorte de défi à relever d’après le coach. Mais ce dernier n’aurait pas pu choisir un jour où il avait envie de faire autre chose que d’aller pioncer ?! D’ailleurs tout cela commençait à sérieusement le gonfler. Il glissa sa main libre dans sa poche et l’autre ne tarda pas à imiter cette dernière. Puis le jeune homme se dirigea vers le bord du terrain ignorant l’appel de ses coéquipiers ainsi que la voix du coach. Il se fichait d’avoir des ennuis s’il n’avait plus envie de jouer personne ne pourrait le forcer. Enfin à part une personne, mais étrangement elle ne se manifesta pas. Il retourna donc sans problème dans les vestiaires et s’assit sur le banc avant d’attraper une serviette qui ne lui appartenait pas pour sécher la sueur de son visage avant de lever les yeux en entendant des pas. Il ne fut pas vraiment pas surpris, enfin un peu quand même, de voir son capitaine se poster devant lui.

- Akashi-san vous ne devriez pas perdre votre temps avec moi, dit-il d’une voix lasse s’étonnant lui-même de ne pas être malpoli même avec le rouge vu son humeur massacrante. Désolé d’être en retard et de quitter l’entraînement comme ça, mais... Je suis pas d’humeur aujourd’hui.

Alors là... Des excuses de la part de Haku Turner cela sort de l’ordinaire. Mais ce qui doit le plus attirer l’attention du rouge depuis le début de l’entraînement c’est l’absence de l’étincelle de vie qui marquent habituellement les yeux du blanc quand il est dans l’ambiance du basket. La tête dans les mains Haku semblait vraiment dans un état inquiétant...

Haku Turner se tenait toujours le crâne les yeux fixés sur le sol quand il sentit une main passer dans sa tignasse désordonnée pour l’ébouriffer davantage si c'était possible en même temps que la voix de son capitaine se fit entendre. Stupéfait il redressa sa tête et fixa Akashi avec de grands yeux écarquillés. Attendez... Pause. Arrête sur image. Stop. Il y a une erreur là. Le rouge était gentil avec lui ? Parce que l'encourager, lui ébouriffer les cheveux et lui demander de pas trop forcer... C'était presque flippant venant de sa part. Presque. Parce que bien sûr cette attention ne lui déplaisait pas. Même s'il ne l'avouerait bien sûr pas facilement. Il détourna les yeux légèrement gêné de cette attention, mais en même temps ravi.

- Vous ne devriez pas perdre votre temps à vous inquiéter pour moi... On a un match bientôt. Je vais bien.

Bien sûr c'était un pur mensonge parce qu'il n'allait pas bien du tout, mais une partie de lui refusait qu'on s'inquiète pour lui. Cela lui faisait penser qu'il était faible. Et il détestait être faible. Bien sûr c'était stupide comme raisonnement, mais sa fierté mal placée n'arrangeait pas les choses. Un soupir fatigué s'échappa de ses lèvres alors qu'il retirait son T-shirt la chaleur dans les vestiaires étant étouffante. Cela révéla son torse musclé sans l'être trop et sa peau aussi pâle qu'un fantôme.

L'adolescent posa son T-shirt roulé en boule près de lui et se leva souplement avant de passer une main dans sa chevelure immaculée pour ensuite se diriger vers le lavabo posté dans un coin des vestiaires. Il se passa de l'eau sur le visage espérant s’éclaircir l'esprit et but quelques gorgées d'eau fraîche avant de s'essuyer les lèvres.

- Je vous jure Akashi-san. Vous pouvez retourner à l'entraînement. Le coach et les autres vont se poser des questions... Et je n'ai pas très envie que ça arrive.

Oui parce que Haku était étrangement hétéro. La présence de Hikari y était probablement pour quelque chose bien qu'il ne soit pas amoureux d'elle. Une rumeur comme laquelle il avait une quelconque relation autre que professionnelle avec son capitaine ne lui serait donc pas avantageux. Et puis... C'était gênant comme éventualité. Parce que le rouge... Et bien pour un garçon il était pas si... repoussant. Ses cheveux écarlates étaient certes étranges, mais le rouge c'était pas si moche et puis ses yeux vairons lui donnaient un certain... charme. Sa taille n'était ni trop petite ni trop grande et.... Attendez là.

Stop encore une fois ! Haku était-il réellement en train de penser à ce genre de choses ? Oui ? Hum... Le garçon se retint de justesse de poser une main sur son front pour vérifier sa température. Il était sûr que ses joues s'étaient teintes de la même couleur que les cheveux du capitaine. Il se retourna pour faire face au capitaine et le regarda sans croiser son regard vairon si troublant. Un silence pesant commença à s'installer, puis le cadet se dirigea vers la porte bien décidé à partir les joues encore rouges. Mais une main lui attrapa le poignet...

Le printemps, quel bonheur ! Je suis ironique bien sur, moi et le soleil ça fait deux. Ben oui vous pensiez quoi ? Que j’aime bronzer ? Grossière erreur, les UV et moi on n’est pas du tout copain loin de là. Etant à moitié albinos je supporte très mal le soleil, et quand je dis très mal ça veut dire que si j’y reste exposé sans crème plus d’une demi-heure je vire au rouge écrevisse. C’est très seyant tiens, je ressemble à un radis après. Enfin voila, j’aime pas le printemps. Cette année encore plus d’ailleurs.
Quand je pense que dans un mois je vais me retrouver diplômé je sais pas si ça me réjouis ou si ça me déprime. Bon c’est vrai que j’ai très envie de quitter le lycée et d’entrer enfin à la fac de sciences politiques à Kyoto. Mais d’un autre côté je verrais Sei-chan moins souvent et c’est pas pour dire mais nos petites rencontres nocturnes vont me manquer. Enfin à lui c’est moins sur et de toute manière je crois que c’est mieux pour moi qu’on s’éloigne un peu, ne serait-ce qu’un temps. C’est pas très bon pour moi de continuer à le voir et à coucher avec lui alors que je ne sais toujours pas s‘il ressent autre chose que de la possessivité envers moi. Enfin à la rentrée je change d’appart pour un autre plus proche de la fac et de mon petit boulot. Ca me permettra de faire un break et si je veux lui parler ou autre chose je peux toujours aller le voir.
D’ailleurs en parlant de ça je crois bien qu’il a entrainement aujourd’hui. Ca tombe bien j’ai rien de prévu ce soir. Enfin à part trainasser chez moi au lieu de réviser comme le font la plupart des gens de ma classe. J’ai pris l’habitude de venir chercher Akashi à la sortie de ses entrainements et disons que bien souvent ça fini chez moi ou chez lui et sous la couette, plus souvent chez moi que chez lui d’ailleurs. La cloche sonne, me tirant de mes divagations, et je range mes affaires tranquillement. Il fait assez beau aujourd’hui et on voit les arbres depuis la fenêtre de la classe. Ils commencent à bourgeonner et à fleurir, ça fait plaisir à voir en tout cas.
Je sors en prenant mon temps, flânant dans les couloirs en attendant l‘heure de la fin des clubs. Normalement aujourd’hui j’aurais du aller au mien d’ailleurs, mais en ce moment j’ai carrément délaissé ça. Entre Akashi, les exams qui approchent et les démarches pour pouvoir entrer à la fac et me trouver un nouvel appart j’ai autre chose à faire. Enfin tout ça pour dire que j’ai oublié mon article dans les tréfonds de mon disque dur avec ce qui s’est passé.
J’arrive enfin au gymnase, captant le son devenu familier des chaussures qui grincent sur le parquet, des ballons qui rebondissent et des cris du coach et des joueurs. Je jette un œil à l’intérieur et fronce les sourcils. Akashi n’est pas là, c’est étrange. Il ne rate jamais un entrainement et je suis certain de l’avoir vu se diriger vers le gymnase après la pause tout à l’heure. Je rentre discrètement, observant les joueurs plus en détail. Il n’est vraiment pas là, et l’autre blandin non plus maintenant que j’y pense. Un souci technique peut-être. Dans le doute je contourne les terrains et me dirige vers les vestiaires dont la porte est ouverte.
Peut-être que je n’aurais pas du faire ça, peut-être que si j’étais moins curieux… Avec des « si » on referait le monde, mais ce si là croyez bien qu’il m’a surpris parce que je ne sais pas depuis combien de temps je n’ai pas été autant en colère contre quelqu’un.

–Hayato ?

Mon expression de stupeur disparaît et j'affiche un sourire moqueur, cynique mais je me suis rarement senti aussi mal, et mon masque ne m'a jamais paru aussi fragile, mais indispensable. Il faut que je me reprenne, je ne veux surtout pas qu'il comprenne dans quel état je suis.

-Navré de vous avoir dérangé. Je vais vous laisser, vous aviez l'air de vous amuser.

Excuses:

Haku tourna la tête vers son capitaine un sourcil haussé sentant la main ferme sur son poignet. Il devient écarlate quand Akashi l'amena contre lui et passa une main contre ses reins. Sa phrase n'arrangea rien. Le jeune sportif aux cheveux blancs était très gêné. Ce qui le rendait adorable car ce n'était pas tous les jours qu'il rougissait et montrait sa gêne croyez-moi.

- Aka... Akashi-san... Qu'est-ce que vous faites...

Mais il n'avait encore rien vu. Les lèvres du capitaine se posèrent sur les siennes pour un baiser. Diable qu'est-ce qu'il était doué ce type... Combien de baisers avaient-il donné pour être aussi expérimenté ? Vaut mieux pas savoir en fait. En tout cas Haku sentit un frisson le parcourir. Il était hétéro, mais... L'image d'un certain garçon apparut dans son esprit et les frissons revinrent. D'accord en fait il n'était peut-être pas si hétéro que ça...

Il répondit automatiquement au baiser avec la maladresse que donne l'inexpérience. Adorable vous dis-je ! Le capitaine rompit le baiser après et se lécha les lèvres. L'autre se sentit mal d'avoir autant aimé le baiser. Ils étaient deux garçons bon sang ! Et puis... Et puis... Il aimait quelqu'un... Qui n'était pas le capitaine. Même s'il était proche de là où ils se trouvaient.

Les joues rouges Haku s'apprêtait à prendre congé et à partir quand quelqu'un débarqua. Le blanc se tourna vers lui les sourcils froncés. Il n'appartenait pas à l'équipe de basket, en tout cas il ne l'avait jamais vu et il connaissait tous les membres de son équipe. Il était plus âgé que lui et probablement plus qu'Akashi aussi. Soudain il rougit encore plus en se rendant compte qu'il les avait surpris à s'embrasser. Et s'il ne le connaissait pas Akashi semblait le connaître lui. Non... L'instinct de Haku était plutôt bien développé. Ses yeux se posèrent sur son capitaine, puis sur l'inconnu, tour à tour. Oups. Il n'avait quand même pas répondu au baiser du petit-ami de ce type ? Si ?

Bon... C'était pas sa faute d'abord. Akashi embrassait tellement bien... C'était difficile de pas résister... Et il n'avait pas commencé. Et puis il ne pouvait pas savoir. Sa rougeur disparut, sa gêne ne durait jamais longtemps, et il lança d'une voix froide envers l'inconnu. Il était redevenu lui-même quoi.

- Je pouvais pas savoir que vous étiez ensemble d'abord. Ensuite c'est lui qui a commencé. Et pour finir c'était rien du tout juste un baiser.

Il attrapa ses affaires, salua son capitaine d'un signe de tête avant de retenir un sourire mauvais et d'embrasser Akashi sur la joue. Il n'avait aucun sentiment pour lui, mais le rouge était beau gosse et puis il était un mauvais garçon. Il aimait faire souffrir les autres. Même si Hikari n'apprécierait vraiment pas. Bah elle n'en saurait rien. Il lança un regard provocateur à l'argenté.

Il ne l'aimait déjà pas. Et Akashi était là pour le protéger s'il pétait un câble. Ils avaient un match bientôt et s'il se blessait leurs chances étaient compromises. Il était un des meilleurs joueurs après le capitaine après tout. De la vantardise ? Non la pure vérité. Et... Bon d'accord avec un peu de vantardise quand même.

Il voulut se diriger vers la porte, mais son corps fut projeté vers les casiers et il poussa un grognement de douleur en fusillant l'argenté du regard. Bon sang il le détestait vraiment !

- Je pouvais pas savoir que vous étiez ensemble d'abord. Ensuite c'est lui qui a commencé. Et pour finir c'était rien du tout juste un baiser.
– Oh, t'inquiète pas Haku, c'est pas comme si on était ensemble.

Je crois que c'est là que ça a craqué. J'ai eu l'impression qu'on venait de rouvrir à vif une plaie qui se refermait à peine. Je le sais bordel, je le sais qu'il me considère pas comme son copain malgré le fait qu'on se soit beaucoup rapproché. Je suis un sex friend pour lui tout au plus, surement moins. J'ai beau me répéter encore et encore qu'il n'y a rien entre nous ça ne m'empêche pas d'avoir le coeur brisé. C'est la première fois depuis Elle que j'avais l'impression de vraiment vivre et il vient de m'arracher le coeur une deuxième fois.
Je bout de colère intérieurement, mais à l'extérieur c'est la mer de glace. Une colère froide, comme je n'en ai jamais eu. J'ai eu envie de lui faire mal, de le frapper jusqu'au sang. Je me suis contenté de lui faire un croche-pied qui l'a projeté contre les casiers.

– T'as pas intérêt à me blesser un joueur avant le début de la saison.

Il se place entre nous et je lui jette un regard de glace, inexpressif. Je le hais. Je viens de le surprendre à rouler une pelle à un de ses joueurs dans les vestiaires et je ne peux même pas me mettre en colère contre lui. Je le hais tellement.

– T'as rien à foutre dans les vestiaires, Hayato.

Pourquoi ? Pourquoi il a encore fallu qu'il m'appelle comme ça ? Je l'ai revu m'embrasser sur le toit dans un flash et j'ai détourné les yeux. Ne pas pleurer, pas maintenant. Pourquoi il a fallu que ce soit toi et pas un autre ? Je peine à empêcher ma voix de trembler. Je sais bien qu'en face de lui ça ne me sers à rien mais je tiens à sauver le peu qu'il reste de ma dignité.

-C'est sur que vu ce que tu y fait je suis déplacé ici. Moi qui croyais que tu pouvais penser avec autre chose que ton corps...

Le ton est cynique, glacial, amer. Je me recule un peu vers la porte. Partir, vite, avant que ça dégénère. J'en peux plus de ses yeux qui me scrutent. Je veux rentrer, me trouver un coin tranquille pour me sortir ça de la tête. J'aimerais pouvoir me réfugier chez quelqu'un pour pleurer, aller voir un ami. Mais je suis seul, totalement seul. Il n'y a que lui, qu'Elle, moi et les autres. J'ai froid, dans mon coeur et mon corps, et je ne me rend même pas compte que je n'arrive plus à retenir les larmes qui remplissent mes yeux sans vouloir en sortir. Putain ça fait mal.

Haku serra les dents quand son corps heurta les casiers. Bon sang c'est que ça faisait mal ! Ce type était malade encore un peu et il se serait blessé. Juste avant la saison. Si c'était arrivé... Il y aurait eu un meurtre. Ni plus ni moins. Enfin cela ne voulait pas dire que l'albinos ne voulait pas en commettre un. Il en avait très envie. Mais Akashi l'en empêcha en s'interposant entre eux. Son joueur grogna et se redressa se contentant de lancer un regard haineux envers ce "Hayato", difficile de mettre plus de mépris dans un seul mot.

Il n'avait même pas commencé c'était son capitaine qui avait fait le premier pas fuck ! Et c'était aussi le rouge qui l'avait embrassé ! Bon d'accord il avait aimé ça, mais il n'y était pour rien. Et maintenant il se retrouvait en plein milieu d'une dispute de... de quoi ? de couple ? De sex-friends ? Difficile à dire. Il ne voyait pas son capitaine être en couple enfin avec une fille peut-être que si, mais pas avec un mec. En même temps pour que Hayato soit jaloux...

L'albinos fronça les sourcils. Il n'avait rien à voir avec ça. Il valait mieux les laisser seuls leur histoire et leur dispute ne le regardait pas. Mais voilà Haku était Haku et le mot tact ne faisait pas parti de son vocabulaire. Au contraire de provocation. Il enfouit ses mains dans ses poches avant de s'appuyer contre les casiers un sourire narquois aux lèvres.

- Vous êtes mignons tous les deux.

Bon il allait se faire tuer par son capitaine, mais il n'était pas du genre à céder devant quelqu'un. Même Akashi. Même si c'était du suicide de jouer avec le rouge. Seuls les inconscients et les suicidaires auraient pu le défier. Ou alors les têtus. Ce que Haku était inévitablement. Une vraie tête de mule. Et comme pour aggraver son cas il jeta un regard purement moqueur à Hayato. Il ne pouvait pas le tabasser, pas avec Akashi dans la pièce tss, alors il allait simplement s'amuser. Aux dépends de l'argenté malheureusement.

- Vu le niveau de Akashi-busho au basket il est normal qu'il ait préféré embrasser un autre bon joueur plutôt qu'un ignorant du basket.

Bon.. Il allait peut-être un peu loin. Mais l'autre l'avait cherché aussi. Même s'il n'était pas vraiment blessé son dos lui faisait mal. Et comme il s'appuyait contre les casiers c'était encore pire. Mais avec sa fierté il n'allait certainement pas le montrer. Enfin Akashi Seijuro et un journaliste n'avaient peut-être pas besoin de le savoir pour le remarquer, mais ça Haku l'ignorait encore.