Le ballon frappait à rythme régulier contre le sol du gymnase. Le bruit qu'il faisait la rendait sourde à cause de l'échos. Aurait dû la rendre sourde. Mais Aria n'était pas concentrée. Ce geste, elle l'avait répété des centaines de fois durant les matchs et là, là encore, elle le faisait alors qu'elle n'avait pas rejoué au basket depuis si longtemps... Enfin, elle n'aurait pas dû rejouer au basket, les remords, ça ne lui avait jamais réussi. Mais elle était là maintenant. Ses paupières étaient closes, comme bien souvent lorsqu'elle se retrouvait près d'un terrain de basket ; elle avait peur de pleurer, alors elle fermait ses yeux et forçait très très fort pour ne pas succomber. Jamais ça marchait, au final, les larmes parlaient sur ses joues pâles et elle fondait en larme, pleurait pendant des heures et rentrait se coucher sans manger, sans parler à personne.
Aria était comme ça. Mais, aujourd'hui, c'était différent. Elle avait décidé de reprendre le basket avec beaucoup de sérieux. Entendant la foule l'acclamer, imaginant quelques adversaires imaginaires, comme si elle était seule contre eux, toute seule, elle se donnait le courage d'y arriver. À ce moment-là, personne ne comptait sur elle ; si elle ratait, tant pis ! Elle recommencerait et elle finirait pas réussir. Toutefois, si jamais elle réussissait, ça lui permettrait de reprendre confiance en elle.
Aria s'élança très rapidement en direction du panier ; c'était là son plus gros atout, sa vitesse, c'est ce qu'elle a de plus cher et elle n'a jamais arrêté de courir. Aria dribbla, faisant rebondir la balle deux fois trop haut pour elle, mais elle la récupérait toujours. Essayant d'éviter ses adversaires invisibles, elle se mit à sourire bêtement, se rendant compte de sa bêtise ; et alors ? Qui pourrait la juger ici ? Aria fléchis ses jambes une fois assez proche du panier et vint mettre la balle au centre. Ses sauts aussi étaient plutôt spectaculaires, surtout lorsqu'elle se concentrait. Aria retomba au sol, de tout son poids, elle écrasa les planches du parquet sans y faire de traces. Avant, lorsqu'elle faisait du basket, elle avait l'impression d'avoir soixante-dix kilos sur ses épaules. Maintenant qu'elle avait repris confiance en elle, elle se sentait légère. Elle se sentait libre.
Aria continua son petit jeu ; elle n'allait pas s'arrêter maintenant ! Aria restait concentrée, la sueur dégoulinait le long de son cou, le long de son buste. Sur son front glissait quelques perles de sueur mais très légères qui, finalement, finissaient toujours par s'en allait lors de ses mouvements de tête un peu trop rapide. Une ou deux fois elle était tombée au sol et avait ris comme une enfant. Maintenant, plus rien ne comptait...
Plus rien, ou presque.